Jean-Noël Schifano est ce soir l'invité de l'Humeur Vagabonde pour « E.M. ou La divine barbare: roman confidentiel non finito » paru chez Gallimard le 28 mars 2013

En novembre 1984, dans une clinique de Rome, une femme ne bouge plus de son lit, tantôt absente, yeux clos et bouche muette, tantôt bavarde et rieuse lorsque se trouve auprès d’elle son dernier confident. Un homme qui l’aime et qui l’admire, avec qui elle peut encore se sentir exister, être à nouveau la grande romancière, capricieuse et séductrice, et plus seulement une petite vieille fragile qui n’en finit pas de mourir. Un an auparavant, Elsa Morante était morte. C’est ce qu’elle dit lorsqu’elle évoque sa tentative de suicide, en avril 1983, qui l’a laissée profondément diminuée après une opération ratée. Elle mettra deux ans et huit mois à se donner raison.
L’écrivain Jean-Noël Schifano a traduit les derniers livres de la grande Elsa Morante à partir d’Aracoeli, publié en France en 1984. Pour lui, pas de doute possible, Morante est le meilleur écrivain italien de l’après guerre. Plus encore qu’Alberto Moravia, qui fut son mari. Quoiqu’il en soit la Morante, comme on l’appelait dans son pays, en fut une des figures les plus éclatantes : belle, rebelle, provocatrice, fragile et violente, elle ressemblait aux femmes des films de Visconti et de Vittorio De Sica. Elle disait que sa vie était dans ses livres. Aujourd’hui elle est dans le dernier roman vrai de Jean-Noël Schifano « E.M. ou la Divine Barbare » qui est paru chez Gallimard.
La 4ème de couverture
Rome, novembre 1984-novembre 1985.
Peut-on tout se dire, dans la tendresse amoureuse qui, quelques jours durant, laisse à découvert les secrets les mieux gardés de deux vies, en miroir l'une de l'autre ? Tomber les masques, au vrai plus que Rousseau, plus qu'Amiel, plus que Leiris, même ?
Le jeu secret quand la vie et l'amour ne tiennent qu'à un fil : aveu contre aveu.
Que se passe-t-il d'essentiel entre Elisa, l'immense écrivain, qui survit un peu de temps encore à son suicide, et son traducteur, Giannatale, qui désire, après l'oeuvre, traduire la plus voilée des vies ?
Il y a deux amours fusionnels dans ce petit livre, mots et chairs, qui se passent entre deux chambres, et se poursuivent au cœur des milliers de pages écrites par Elisa. Éphémère, l'amour de Giannatale avec Polina. Éternel, l'amour pour Elisa. Tous deux partagés à la passion.
Il y a le jeu jusqu'à la mort des vérités enfin dites.
Le reportage de Gladys Marivat
Il y a la grande Elsa Morante, auteur de L'île d'Arturo et d'Aracoeli, prix Viareggio, Strega et Médicis étranger, et un temps épouse de Moravia. Et puis, il y a l'autre femme de lettres italienne, Anna Maria Ortese. Moins connue à l'étranger et même en Italie, où elle disait vivre un exil intérieur. Née en 1914 et décédée en 1998, on lui doit des textes d'une grande beauté, des nouvelles, des récits, des articles qui n'en sont jamais vraiment, des romans situés dans l'Italie du 18e siècle, à la lisière du fantastique. Mais Anna Maria Ortese était un "Iguane", Jean-Noël Schifano le sait bien, lui qui a traduit le roman du même nom où l'écrivain italien parle d'elle, un monstre, une femme qui écrit. Une femme dont les livres, la voix, touchent encore aujourd'hui de nombreux lecteurs. Dont Marguerite Pozzoli, traductrice, et Mathieu Riboulet, écrivain et auteur d'un récit-hommage à Anna Maria Ortese, Deux larmes dans un peu d'eau (Gallimard, 2006), qui nous parlent d'elle dans ce portrait, enrichi des lectures de Marilù Marini, extraites de la fiction Tour d'Italie, diffusée sur France Culture en 2010.
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