La romancière Nathalie Azoulai

France Inter
Publicité

pour son roman_Titus n'aimait pas Bérénice_ publié chez POL

Nathalie Azoulai - Titus n'aimait pas Bérénice
Nathalie Azoulai - Titus n'aimait pas Bérénice
© POL - Nathalie Azoulai

Une histoire banale, d’aujourd’hui et d’hier, une histoire vieille comme le monde. Un homme marié qui, bien qu’amoureux d’une autre, refuse de quitter sa femme légitime et ses enfants. La maîtresse, humiliée, jalouse, désespérée, qui tente de se remettre de leur rupture. Moins banal : elle s’appelle Bérénice, et lui Titus.

Publicité

Voilà qui nous rappelle quelque chose. Au 1er siècle après Jésus Christ, Titus était empereur de Rome et Bérénice, reine de la Palestine qu’il avait conquise. Ils s’aimèrent et durent se séparer, « malgré lui et malgré elle » nous dit Suétone, le peuple n’approuvant pas l’union de l’empereur avec une étrangère.

Racine s’inspira de cette histoire pour écrire l’une de ses plus belles pièces, qui porte le nom de la reine exilée.

Rentrant chez elle en pleurs après la rupture avec son amant, la Bérénice d’aujourd’hui va chercher chez Racine l’écho de sa douleur.

Le roman Titus n’aimait pas Bérénice vient de paraître chez P.O.L. et il est signé Nathalie Azoulai . Normalienne, agrégée de lettres, elle nous offre ici une belle relecture des pièces de Jean Racine, à travers le regard d’une femme amoureuse d’aujourd’hui.

La musique de l’alexandrin, la justesse des sentiments féminins exprimés en 1670 sous la plume d’un homme, vont amener cette Bérénice de 2015 à s’intéresser à l’auteur.

Comment a-t-il su comprendre si intimement la fureur, le désespoir, la déchirure d’une amante abandonnée ?

Comment le courtisan critiqué par une partie de la Cour, qui lui reprochait de se complaire dans la description complaisante de passions impures, a-t-il pu continuer, pièce après pièce, à creuser ainsi dans le cœur humain ?

Comment l’enfant élevé dans la foi janséniste par ces Messieurs de Port-Royal a-t-il réussi à percer ce mystère que ses maîtres méprisaient ?

Ce joli roman entreprend de l’expliquer et Nathalie Azoulai est, ce soir, l’invitée de l’Humeur Vagabonde .

Le reportage de Gladys Marivat

On y arrive en RER B terminus Saint-Rémy-Les-Chevreuse. Après une heure et demie de marche sur le chemin de Jean Racine, la « Thébaïde » chère aux Solitaires qui s’y étaient retirés du monde, s’offre enfin à nous.

Vidée de ses religieuses résistantes, puis détruite sur ordre de Louis XIV dans un véritable coup de force contre le Jansénisme, l’Abbaye de Port-Royal-des-Champs n’a rien perdu de sa puissance et de son attrait.

Dans un paysage composé comme un tableau, je me suis promenée en compagnie dePhilippe Luez , le passionnant directeur du Musée national de Port-Royal-des-Champs.

Car, si aujourd’hui, il ne reste plus que des ruines, ce qui s’est joué ici 300 ans plus tôt n’a pas fini de nous parler.

Philippe de Champaigne. Portrait de mère Angélique et mère Agnès Arnauld. XVIIe ou XVIIIe siècle. Huile sur toile.
Philippe de Champaigne. Portrait de mère Angélique et mère Agnès Arnauld. XVIIe ou XVIIIe siècle. Huile sur toile.
© Philippe de Champaigne - Philippe de Champaigne

Photo d’un tableau où l’on aperçoit dans l’arrière-plan l’église de l’abbaye avant sa destruction : Philippe de Champaigne. Portrait de mère Angélique et mère Agnès Arnauld. XVIIe ou XVIIIe siècle. Huile sur toile.

Lien vers le site du Musée

http://www.port-royal-des-champs.eu/

L'équipe