Ruth Elkrief ne sera pas présidente !

La journaliste Ruth Elkrief
vidéo
La journaliste Ruth Elkrief - Christophe Chevalin / TF1
La journaliste Ruth Elkrief - Christophe Chevalin / TF1
La journaliste Ruth Elkrief - Christophe Chevalin / TF1
Publicité

Ruth Elkrief a lancé hier soir son 20h/22h sur LCI. L'occasion d'évoquer l'année électorale à venir et les critiques dont elle a été la cible.

Le nouveau magazine de Ruth Elkrief a démarré hier soir, sur LCI, chaine info dont la journaliste œuvra au lancement, il y a 27 ans. Retour dans le giron du groupe TF1, donc, après une parenthèse de quinze années passées à BFM Tv, leader du secteur.  

Aujourd’hui, une troisième concurrente privée, C News, assaille ses deux ainées. Rupture de ton et transgression, Ruth Elkrief a connu les années folles de BFM TV partie à la conquête du PAF. 

Publicité

En quoi le paysage politico-médiatique aurait véritablement muté ? 

S’il a muté… Lorsqu’on se plonge dans les archives de la présentatrice, on trouve des critiques de tous bords, des candidats à la présidentielle qui dénigrent les journalistes, des foules qui les invectivent. Les journalistes politiques aguerris voient-il le même cirque se répéter inlassablement à l’approche des grandes échéances ?

Extraits de l'entretien

Ruth Elkrief 2022, un nom d'émission très second degré

Ruth Elkrief : " Ruth Elkrief 2022, est évidemment à comprendre au troisième, ou au huitième degré ! Il se trouve que ce sera de 20 à 22 heures. Cela veut dire que l'on va suivre la campagne présidentielle. Mais on va parler actualité tout court et c'est très banal de le dire, mais tout est politique, au sens très noble du terme. Et tout va devenir "campagne présidentielle".

Une place d'intervieweuse à elle

"Je prends certes la place de Darius Rochebin, qui avait installé un format long, mais j'ai l'habitude de l'interview. Je vais essayer d'être moi-même, d'être encore plus sereine, plus impertinente et encore plus à l'écoute. On aura environ une demi-heure d'entretien en fonction de l'invité et de l'actualité du jour. 

Mon idée, est de tenter de diffuser un climat d'apaisement tout en gardant un ton encore plus impertinent, et acéré. "Mettre le doigt dans la plaie" comme disait Albert Londres, parce que c'est notre vocation, mais dans une forme de respect et d'écoute à laquelle je tiens."

Pascal Praud sur Cnews en face n'est pas l'aiguillon de son émission

"On ne se lance pas dans un match avec lui. Pascal Praud n'est pas mon baromètre. Il a du talent. Mais chacun a ses qualités. L'essentiel pour moi est d'être sur mes fondamentaux, de faire mon travail et d'être contente lorsque je sors du studio de l'interview. On verra. Peut-être que dans trois mois, je me dirais que c'est effectivement la guerre. 

Mais il se trouve que je suis dans une phase personnelle et intérieure, de recherche d'équilibre, de profondeur, de temps et d'encore plus de distance."

En 2017, elle avait animé le second débat de la primaire de la belle alliance populaire PS - Les Verts sur BFM TV I-Télé 

"Je trouve les primaires très intéressantes. Aujourd'hui il y a un débat chez les républicains. Je leur laisse. Ce n'est pas mon problème. Mais comme journaliste, c'est incontestablement un coup de projecteur sur une famille politique, et sur ses idées. J'ai observé que cela passionnait à l'époque les Français, y compris ceux qui ne s'identifiaient pas à ces partis : on avait réalisé d'excellents score d'audience. 

Ces débats ont un certain niveau d'échanges d'idées. Ils réconcilient les Français avec la politique, les idées, les projets. 

Ces émissions retournent dans les salons et dans les esprits des Français pour réhabiliter le débat et la discussion. Nous avions fait un plateau avec 11 candidats. Cela ne s'était jamais vu. On ramène la politique à ce qu'elle doit être : l'affaire de tous. 

Je me suis battue pour que l'on fasse le deuxième débat de la primaire écologiste après France Inter le 8 septembre. Cela passionnera les électeurs écologistes, mais les Républicains vont regarder aussi pour voir comment cela se passe."

Retour sur le débat Ségolène Royal / François Bayrou 

Pour afficher ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies Publicité.

Ces cookies permettent à nos partenaires de vous proposer des publicités et des contenus personnalisés en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d'intérêt.

"C'était un des gros évènement de BFMTV à l'époque avec la vision d'Alain Weill et de la direction de l'époque, il y avait Jean-Jacques Bourdin aussi, qui co-animait avec Olivier Mazerolle. 

Lorsque j'ai appris la tenue de ce débat la veille au soir, j'ai dit : "S'il n'y a pas de femmes pendant ce débat, je quitte la chaîne."

Cela a été un premier bras de fer, et c'est toujours comme ça. Mais cela ne fait rien. C'est un bon souvenir. Les autres chaines n'avaient pas eu le "courage". Aujourd'hui, on pourrait peut-être inventer autre chose... J'ai quelques idées, mais je ne vais pas les donner tout de suite."

Eric Zemmour pas encore officiellement candidat 

"C'est la responsabilité de la chaîne. Il faut un minimum d'honnêteté de sa part à un moment donné, être clair et poser les cartes sur la table. Mais Paul Laroutourou nous a dit que la déclaration de candidature devrait aller assez vite maintenant. Faire la promotion de son livre sur les antennes est pour le moins habile de la part d'Eric Zemmour. C'est peut-être cynique aussi.

Lui-même doit pouvoir être franc et mettre cartes sur table et ne pas jouer sur tous les tableaux. On sait qu'il est polémiste, provocateur, mais est-ce qu'il fait des interviews ? Est-il dans la situation d'intervieweur ? Si ce n'est pas le cas, c'est un peu différent. Je ne veux pas défendre le fait qu'il reste à l'antenne, c'est son choix et celui de sa chaine. Mais la difficulté quand vous l'interviewez est de savoir qui vous questionnez. Et si ce n'est pas clair, alors effectivement, cela pose un problème. 

Maintenant, j'ai l'impression que les Français ont compris qu'il pouvait aller entrer en politique assez rapidement et je ne suis même pas sûre qu'ils le voient toujours comme journaliste. Il faut peut-être clarifier les choses. 

La concurrence des FDP (fils de p... ou flingueurs du PAF) de l'émission Touche pas à mon poste

"Je vous arrête. Pour moi, ce n'est pas de la concurrence, on est plutôt dans une forme de divertissement, et pardonnez-moi, une forme de populisme médiatique. C'est une autre expression.

Je n'ai pas à juger ça. Je ne suis pas une donneuse de leçons. Je veux faire mon travail : avoir la distance nécessaire, donner de l'analyse, de la convivialité, du plaisir et aussi de la compréhension. Et le reste, chacun fait ce qu'il veut. Ça ne veut pas dire que je ne pense pas à certaines choses, ni que je vais regarder ceci ou cela.  

Une neutralité journalistique

Je ne sais pas si vous avez vu, mais je ne m'exprime pas sur les réseaux sociaux à titre personnel. 

Je considère qu'être journaliste aujourd'hui, et notamment en campagne présidentielle, mais pas seulement, c'est tout ce qui est dit à l'antenne. Tout ce que je dois assumer.

Ce que je pense, je le garde pour moi, mes amis, et mes proches.

Mais le reste, je n'ai pas à exprimer des avis personnels. Il y a des causes qui me tiennent à cœur. comme les droits des femmes. Là-dessus, je serai toujours debout avec une vision la plus universaliste possible. 

Mais ce que je pense, je le garde pour moi, pour mes amis, pour mes proches.

Je considère que je dois être quelqu'un qui reçoit des personnes, essaye de comprendre, analyse, réexplique aux autres, décrypte et donc je n'ai pas à faire interférer ma subjectivité ou en tout cas le moins possible."

Critiquée de tous les côtés, par ses interviewés, mais aussi des journalistes, en particulier au moment de l'Affaire Fillon

"Il y a eu beaucoup de mauvaise foi de la part d'un certain nombre de personnes, y compris des des humoristes... 

Mais dans l'affaire Fillon, j'ai eu une phrase peut-être maladroite, mais sortie du cœur. J'avais vu Pénélope Fillon assister au meeting de son mari totalement prostrée. Je me suis dit : elle n'est au courant de rien et elle est en train de tout prendre à la figure. Mais c'était faux. J'ai exprimé une forme, d'empathie, et c'était une erreur. Je le reconnais. 

En revanche, quand j'ai interrogé le journaliste du Canard enchaîné, qui est un ami, par ailleurs, je me suis juste posée, comme comme pour chaque personne, comme celle qui contredit, comme celle qui vient en portant la contradiction.

Beaucoup d'observateurs, y compris parmi nos confrères et ça m'inquiète, oublient de faire la différence entre un journaliste et un éditorialiste. Quand on est journaliste et qu'on porte la contradiction, on fait son métier !"  

L'équipe