Hugo Travers ou comment jongler avec les réseaux

Capture écran de la vidéo d'HugoDecrypte avec Hugo Travers
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Capture écran de la vidéo d'HugoDecrypte avec Hugo Travers - Youtube
Capture écran de la vidéo d'HugoDecrypte avec Hugo Travers - Youtube
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Hugo Travers, alias HugoDécrypte, propose tous les jours sur ses différents réseaux un résumé de l'actualité. Il est au micro de l'Instant M pour parler de sa nouvelle émission, Mashup, qui sera lancée ce soir sur Twitch.

Avec

Hugo Travers, c’est ce gamin, étudiant à Sciences Po, qui a lancé sa chaîne Youtube dès sa première année d’école, avec l’idée qu’il fallait vulgariser l’actualité; c’est-à-dire, la choisir, la comprendre, la simplifier, la mettre en un temps très court à portée de tous, y compris de ceux qui se sentent noyés ou de ceux qui ont renoncé à s’informer auprès des médias institués.

Cinq ans après, le gamin est devenu grand.

Europe 1 et France 2 lui ont ouvert le micro, Emmanuel Macron lui a accordé une interview. Il cumule un million et demi d’abonnés sur Youtube, idem sur Instagram, idem sur Tiktok. Sur chacun de ses réseaux, il adapte sa façon de mettre en scène l’info. Il y ajoute un podcast quotidien. Et, à partir de ce soir, une émission en direct et en longueur sur Twitch. La Shiva des réseaux sociaux, l’homme-orchestre de l’actu : un journaliste, six formats.

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Extraits de l'entretien avec Hugo Travers

Pas si facile de parler politique sur Twitch au départ

Hugo Travers : "Lors du débat entre Eric Zemmour et Jean-Luc Mélenchon sur BFM, j'ai voulu commenter en direct sur Twitch. J'étais en direct, et j'ai vu d'autres chaînes qui diffusaient elles-aussi ce débat, être supprimées. Puis la mienne. Concrètement, BFM TV m'a signalé pour atteinte au droit d'auteur. C'était une émission qui leur appartenait. Ils étaient dans leur droit.

Il faut savoir que ce format de réaction en direct à un événement est quelque chose de très populaire sur Twitch.  C'est important que cela existe parce que cela apporte de l'information, et peut aider à alimenter des débats. Grace à ce genre "d'émission" proposée sur Twitch, on peut parler d'élection présidentielle à un public jeune qui souvent, ne regarde pas la télé.

Depuis, j'ai été en contact avec BFM, TV, et d'autres chaînes, pour trouver une solution et me permettre de retransmettre et commenter en direct ces débats sans me faire bannir pour atteinte au droit d'auteur.

La modération sur Fwitch

Ce n'est pas évident, d'autant que sur Twitch, il y a un côté direct ou du coup, ça peut aller assez vite, dans tous les sens. Moi, j'ai confiance des gens en ce qui me suivent. Je sais qu'ils sont à la recherche d'un débat posé dans un cadre plutôt serein.

Mais on n'est pas à l'abri de militants qui pourraient venir polluer le chat. Je reste convaincu que c'est important d'avoir une interaction avec le public. Cela nous aide à mieux comprendre ce dont les personnes qui nous suivent, ont besoin.

La difficulté de faire très court

Sur une vidéo d'actualité qui résume trois informations en 30 secondes on met autant de temps, voire plus, que pour écrire un format d'actualité de cinq minutes. Il y a un travail plus important sur le choix des mots, et des informations que l'on décide d'évoquer dans ces 30 secondes. Ce n'est pas évidant parce : il ne faut pas être trompeur et en même temps rester accessible en très peu de temps.

Résumer à l'extreme sans tuer l'information

On peut prôner le journalisme du temps long.  Mais cette génération ne suit pas ces formats-là. Là, on a des jeunes qui avant ne s'informaient pas du tout qui suivent l'actualité. Nous voulons amener de l'information là où les jeunes passent, parfois des heures : Tiktok, Twitch…

Chaque réseau a ses codes et ses spécificités. Et dans le cas de Tik Tok, par exemple, on ne peut pas faire une vidéo de cinq minutes d'information. C'est impossible : l'algorithme qui met en certains contenus plutôt que d'autres, privilégie les temps courts. Concrètement, j'ai 20 secondes par information.

Contourner la censure algorythmique

Il n'y a aucun sujet qu'on évite. Mais quand on aborde des éléments sensibles : un attentat, une guerre... On doit faire attention à la façon de présenter et aux mots employés : sinon l'algorithme risque de censurer. On peut parler des Ouïghours en Chine, même sur Tik-Tok, alors que c'est une plateforme chinoise, mais on fait attention aux termes utilisés.

Quand on parle de guerre, même si c'est la guerre du couscous, un sujet sans mort, donc, on met un astérisque dans le mot, on remplace parfois certaines lettres par des émojis…

Heureusement, ça ne change pas grand-chose au contenu en tant que tel, parce qu'une fois qu'on a cliqué sur la vidéo, on va voir un format d'actualité classique. Mais on va être vigilant avec le titre. L'idée est de se protéger le plus possible, pour que le contenu ne soit pas censuré.

Cela nous est arrivé sur Youtube où quand on a voulu monétiser la vidéo pour recevoir des revenus des publicités, et payer toute l'équipe, on nous a prévenus que les annonceurs ne voulaient pas être associés à ce contenu-là. Et donc, la vidéo n'est pas poussée… En tout cas, on a des soupçons, sur cette pratique, donc on fait attention.

Il y vidéos de militantes féministes qui se retrouvent censurées alors qu'elle parle de sujets absolument indispensables. L'accessibilité de ces formats et de ces sujets-là est un problème majeur. Mais des progrès sont faits. Youtube s'améliore.

Toutes les personnes qui sont sur les réseaux sociaux "jouent" avec l'algorithme y compris des politiques. C'est très intéressant de voir que leur visibilité sur ces plateformes est devenue un enjeu"