Le sénateur PS David Assouline, rapporteur de la commission de la culture, de l'éducation et de la communication, est l'invité de Sonia Devillers
Nous entrons dans notre deuxième semaine de grève. Vous l’avez entendu, pas de Boomerang ce matin avant nous, pas de Grand Bien Vous Fasse après nous. Mais un Instant M, quand même.
Pourquoi ? Parce que nous consacrons notre émission à ce qui s’abat sur nous, service public de l’audiovisuel. Vous êtes toujours plus nombreux à écouter nos antennes, à nous regarder en vidéo, à nous podcaster. Et pour cela, nous travaillons d’arrache-pied. Pourtant, le gouvernement a décidé de réduire notre budget. Que nous, Radio France, contribuons, comme d’autres, au redressement des finances publiques, c’est normal. Mais le gouvernement va encore plus loin. Il baisse l’impôt qui nous subventionne. Il baisse d’un euro la redevance. Preuve que de cet euro, l’Etat n’a pas besoin. Cet unique euro qui ne changera rien à votre pouvoir d’achat, nous, il risque de nous asphyxier.
"Un non-sens absolu"
Franck Riester justifiait la baisse de la redevance : "L'année prochaine, les prévisions de cette redevance, de ce rendement, donc la somme totale collectée est supérieure à ce qu'est la trajectoire financière déterminée pour l'année prochaine. Et donc il y a deux solutions, soit ça rentre dans les caisses de l'Etat, ce surplus de contribution à l'audiovisuel public, soit on le rend aux Français. On a pris la décision de le rendre aux Français". Pour David Assouline, c'est "un non-sens absolu".
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Alors qu'une loi va passer cette première semaine de décembre, pour renforcer et mettre sur le premier plan le service public, "parce qu'il est un pilier du lien social et du paysage audiovisuel français", la réduction budgétaire a déjà été fixée au préalable par le gouvernement. Donc, pour David Assouline, on assujettit la loi à une réduction de moyens et non pas l'inverse.
"Une contribution à l'audiovisuel universelle"
La redevance est, comme le définit David Assouline, "une taxe dynamique et un actionnariat populaire". Mais c'est la première fois que l'on baisse cette taxe depuis la naissance de la redevance.
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"C'est un peu ce qu'il se passe dans le privé : on n'arrive pas à comprendre pourquoi quand les résultats sont bons, il y a de grands plans de licenciement. C'est un système économique que les gens n'arrivent pas à comprendre".
Notre redevance s'élève aujourd'hui à 138 euros. Au Royaume -Uni, la redevance est de 179, 4 euros (+ 41,4 euros de plus). En Allemagne, elle atteint 216 euros (+ 78 euros de plus que la France).
On baisse quelque chose qui est déjà très bas.
David Assouline se prononce quant à lui pour une redevance plus forte, capable de porter à elle seule le service public. "Dans les pays que je viens de citer, ils n'indexent plus la redevance sur la possession d'un téléviseur, parce qu'on sait aujourd'hui que la télévision et la radio sont lues sur des tablettes, des ordinateurs... Il faut donc que l'ensemble des Français payent. Ce ne sera plus adossé à la taxe d'habitation vu qu'elle va être supprimée. Il faut trouver le moyen de créer une contribution à l'audiovisuel universelle comme en Allemagne, comme en Grande-Bretagne. Il faudra exonérer, notamment pour les jeunes."
Entre expansion numérique et réduction du périmètre
C'est là où l'Etat n'a pas été "loyal" : "quand ils ont annoncé la trajectoire 2022 de réduction, ils ont dit d'investir 220 millions d'euros dans le numérique, mais ils n'ont pas donné cet argent".
Donc ça veut dire que l'investissement dans le numérique va se faire sur les fonds.
Sonia Devillers revient aussi sur la réduction du périmètre du service public, alors que l'on demande à France 3 d'appuyer un peu plus sur la régionalisation tout en faisant face à la concurrence de BFMTV (qui vient d'annoncer la création de deux chaînes régionales), avec moins de moyens, et que le patron de M6 rachète la chaîne pour enfants Gulli. Pour le sénateur PS, c'est encore une fois "un non-sens".
Quand le service public s'adresse aux enfants, nous sommes rassurés et protégés parce que les contenus et les contrôles sont plus grands.
"Le fait de supprimer des chaînes comme France Ô est un affront" affirme David Assouline, alors que l'on affirme que les départements d'Outre-mer sont la France. "Mais pour cela, à un moment donné, cela passe par des gestes symboliques".
Mais que font les députés et sénateurs face à la suppression des chaînes de région et à l'international ? "Le service public doit renforcer sa régionalisation. Mais par exemple, si France Inter, France 2 et France Monde ont chacun un reporter à New-York, ça fait trois. On peut dire la rationalisation, c'est de travailler ensemble, donc n'en avoir plus qu'un seul. Non, ça c'est un impératif économique. Mais si on veut être fort, on peut dire : ils vont discuter entre eux et faire des sujets différents, ils vont s'aider, approfondir des choses ensemble... Ça c'est une rationalisation au service d'une performance, d'une qualité."
La qualité est un fondamental. Ce n'est pas vrai qu'on fait mieux avec moins !
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