Parole aux déserteurs sur Arte...
Ceux qui ont fui les bataillons du groupe Etat Islamique. Leurs émirs, leurs forces de sécurité à qui tout est permis, leurs prisons où traitres et espions sont torturés, égorgés et décapités sans sommation.Ils sont Syriens, Jordaniens. Ils déclinent leur identité, leur nom – DEACH les connaît de toute façon. Ils disent leur âge. Ils prononcent la voix tremblante « je suis déserteur de l’Etat Islamique », comme pour s’entendre le dire, comme pour arriver à le supporter. Et ils se terrent.
Thomas Dandois et François-Xavier Trégan les ont écoutés parler. Si vous décidez de regarder Arte, envoyez les plus jeunes se coucher. C’est très dur. Même si on a fini par s’habituer à entendre ces récits cauchemardesques, ils émanent ici d’hommes qui se sont vu franchir eux-mêmes les limites de l’humanité. Dans ce documentaire, ils sont filmés dans la pénombre, de dos ou le visage enturbanné. Et le téléspectateur de se demander comment ces acteurs de l’horreur pourront un jour – au-delà des artifices de mise en scène - vivre à nouveau dans la lumière, nous regarder dans les yeux.
C’est un film sobre et très intelligemment construit qui suit une cellule de l’armée syrienne libre, spécialisée dans la détection et l’exfiltration des déserteurs. DAECH a tenté à plusieurs reprises de les piéger en envoyant de faux fuyards. De longs mois d’enquête et de surveillance sont donc le préalable à l’accueil d’un déserteur. D’aucun s’avèrent pourtant dans des situations d’extrême urgence, vivant des supplices à la hauteur de ce que le groupe est réputé infliger à ses ennemis.
De leur témoignage, j’ai retenu aussi l’affluence de volontaires étrangers au niveau de conviction bien plus affirmé que les Syriens. DAECH en verrait sortir 2000 par mois de ses camps d’entraînement. Des vies sans aucun prix. Des jeunes envoyés par centaines au front, à la boucherie, dont on jettera ensuite les corps aux chiens.
à 20h55
L'équipe
- Chronique