C’est l’un des événements les plus importants de notre vie publique depuis plus de 60 ans.
Les chaînes de télé seront donc toutes tankées dans la cour de l’Elysées, face à la garde républicaine, pour suivre et magnifier le rituel cérémoniel. Il aura fallu d’abord que deux présidents, l’entrant et le sortant, se mettent d’accord sur la date et l’heure de lancement du protocole. Et vlan, dimanche à 10 heures : de quoi priver les Français de la plus ancienne émission de télévision encore en activité : « Le Jour du Seigneur ».
Elle est diffusée depuis 1949. Elle a connu la RTF, TF1 avant la privatisation, Antenne 2 et France 2. Elle est plus vieille que la Cinquième République elle-même. Merde alors ! Un peu de respect aurait été bienvenu de la part d’un ancien Président qui ne croit à rien, même pas en lui-même, et d’un nouveau qui ne croit qu’en une chose, c’est-à-dire à lui-même. Ce qui me fait penser que tout cela n’est pas un hasard. Qui du Général, de Pompidou ou de Giscard auraient osé faire manquer la messe aux Français ? Certes, ils ne s’y déplacent plus guère. Mais l’inscription du programme religieux dans le cahier des charges du service public nous rappelle tout de même où ils se rendaient naguère en cette matinée du septième jour. Bref, j’y vois tout autant l’œuvre d’un mécréant, François Hollande, que celle d’un sacro-saint illuminé, Emmanuel Macron.
Pas trop de deux pour faire tomber cette institution
Qui a vu la dernière couverture de l’hebdomadaire, La Vie ? Respectable « news magazine » chrétien. On y voit la tête de Macron remplacer celle de Jésus bras ouverts et pieds nus, un petit drapeau Français à la main, avec ce titre : « Ça peut marcher ». Attention, les cathos ont cru qu’En Marche inclurait de crapahuter aussi sur l’eau.
Qui a vu Emmanuel Macron en meeting ? La verve habitée et le regard christique ? Qui a vu le documentaire sur les coulisses de son QG ? Tout le monde se pâme sur la fille en charge des relations avec la presse. En réalité, il n’est entouré que de mecs, lui répétant inlassablement qu’il est génial. Allô, les apôtres !
Si Emmanuel Macron a fait sauter « Le Jour du seigneur », c’est qu’il se prend non pas pour Dieu, mais au moins pour son fils. L'étymologie de son prénom lui donne d’ailleurs raison. Il était lourdement prédestiné, le garçon. Dimanche sera son jour à lui tout seul. Pas question de le partager avec une autre divinité pour son arrivée à l’Elysée.
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