

Hier soir, il n’y avait pas de publicité pendant "Touche pas à mon poste", l’émission de Cyril Hanouna sur C8. Du jamais vu.
Il fallait, en effet, prendre acte de la kyrielle d’annonceurs qui ne veulent plus être associés à l’animateur. Mais également protéger les marques qui, elles, ont décidé de rester. Total : en guise de coupure pub, C8 a diffusé une poignée d’auto-promo.
Rappelons que Hanouna a piégé au téléphone des hommes croyant répondre à une petite annonce. Canular qui fait aujourd’hui hurler à l’homophobie.
Parlons gros sous. La pub boycotte Hanouna, c’est grave, docteur ? A court terme, oui. C8 est la chaîne généraliste gratuite du groupe Canal+, sa grille est coûteuse, elle s’avère même lourdement déficitaire. Pas d’abonnés pour payer, faut donc qu’elle crache de la publicité. Or, sa supposée vache à lait s’appelle Cyril Hanouna.
Trente secondes de pub coûtent 4000 euros à l’heure du déjeuner sur C8.
15 000 euros quand Hanouna démarre.
33 000 euros quand il est à son plus haut, après 20h.
Et ça redescend à 15 000 euros lorsqu’il lâche l’antenne.
Ce sont des prix de départ, achetés ensuite à des tarifs négociés. Mais cela vous montre la tendance. Sur TF1 ou M6, les écrans pub de prime sont, de loin, les plus onéreux. Sur C8, c’est Hanouna qui rapporte des sous.
D’autant que « Touche pas à mon poste » touche des familles et de la ménagère au kilomètre. Cible prioritaire des publicitaires. Le manque à gagner d’un boycott temporaire peut donc vite se révéler pénalisant. Et même à long terme. Ce n’est pas une question d’audience, mais d’image. Plus Hanouna pousse le trash, le clash et le vulgaire, même une fois de temps en temps passé 23 heures, plus sa réputation lui fait perdre un public parent-enfant.
Hanouna irrémédiablement mis à terre par la publicité ?
Ah, ah, ah... L’histoire de la télévision regorge de précédents. En leur temps, Arthur, Dechavanne, Cauet, Ardisson ou Michaël Youn firent aussi déguerpir les annonceurs. Tout cela fut plus feutré, mais les acheteurs d’espace publicitaire ont toujours eu des « blacklists » qui… ne durent jamais longtemps. Pourquoi ? Parce que le réalisme économique prend vite le dessus et que les scandaleux d’hier, sont les pères la morale d’aujourd’hui. Tout s’oublie.
Vous souvenez-vous qu’en 2001, lorsque la télé réalité débarqua en France sur M6, le patron de TF1 publia une tribune sur « la télé poubelle » en Une du « Monde » et que les écrans publicitaires de « Loft Story » se montraient spectaculairement vides ? Que des pubs de disques ou de DVD au rabais pour boucher les trous. Croyez-moi, au vu du phénomène, toutes les grandes marques avaient rappliqué dès la troisième semaine. Tout s’oublie, je vous dis.
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