"Le grand tuto de la vie" sur Arte creative : une leçon de grammaire youtubienne

Le grand tuto de la vie (capture d'écran de l'épisode 1)
Le grand tuto de la vie (capture d'écran de l'épisode 1) - Arte Creative
Le grand tuto de la vie (capture d'écran de l'épisode 1) - Arte Creative
Le grand tuto de la vie (capture d'écran de l'épisode 1) - Arte Creative
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"Comment tracer un triangle isocèle", "comment réussir sa crêpe suzette" ou "trouver son point G" : le tuto sur Youtube, un matériau phénoménal pour raconter notre époque !

En mai 2015, le mot « Tuto » fait son entrée dans le Petit Larousse. Tuto est l’abréviation de « tutoriel », désignant un guide visuel. Avec Youtube, le tuto est devenu vidéo de tout, sur tout, pour tout le monde et par tout le monde. Un partage d’expérience. Ça va de « comment tracer un triangle isocèle », à « comment réussir sa crêpe suzette » ou « trouver son point G ». Evidemment, la démo sera plus ou moins incarnée, plus ou moins subjective, plus ou moins déconnante.

Or, quel phénoménal matériau pour raconter notre époque au jour le jour ! Evidemment, chaque vidéo relève de la parole expérientielle, du parcours singulier. Mais l’ensemble de cet inépuisable corpus, le genre qu’il forme désormais, constitue un témoignage collectif inédit, un miroir générationnel.

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Arte en a compulsé des dizaines, les a classés par étapes clé de l’existence et en a fait « Le grand tuto de la vie » en sept épisodes.

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Une leçon de grammaire youtubienne, en quelques sortes. De l’adolescence à la vie de couple, chacun y va de son conseil sur « comment faire chier le prof avec un simple bâton de colle » ou « comment le mariage vous rend la vue, puisque c’est après qu’on voit tous les défauts ». Pris un par un, vous avez peu de chance de vous y reconnaître. Brassé, c’est un peu de vous, de moi, des autres.

Une mouture 2.0 de « La vie mode d’emploi ». Souvenez-vous, le livre de Georges Pérec retrace la vie imaginaire d’un immeuble, pièce par pièce, objet par objet, de ses habitants projet par projet. De ses mots, l’écrivain fabrique une image, une image de la vie au mi-temps des années 70, une image qu’il voudrait à la fois définitive et surtout exhaustive. Il entend « saisir, décrire, épuiser, non la totalité du monde – projet que son seul énoncé suffit à ruiner – mais un fragment constitué de celui-ci ». Le fragment de Pérec est un espace irréductible, c’est une œuvre.

« Le grand tuto de la vie » est un espace reproductible et extensible à l’infini, car au geste artistique par essence unique s’est substitué un nombre illimité de « moi ». Il y a pourtant plus d’universalité dans la force d’un roman, d’un tableau, d’un film, d’une photo qui disent tout au nom de l’un que dans une collection de récits qui disent l’un au nom de tous. Vous avez quatre heures.

La chronique en vidéo