

Une rencontre exclusive avec Tom Wolfe, le seigneur de la littérature américaine.
Quand on a entre les mains une telle interview avec Tom Wolfe qui reçoit à demeure et que le Tom Wolfe s’avère aussi stupéfiant à regarder qu’à lire, pourquoi ne pas nous en donner un peu plus ? Le sujet de 8 minutes est bien trop court !
Mais tout à notre frustration, nous savourons ce précieux petit cadeau. C’est très beau chez Tom Wolfe, plein de livres, de boiseries, de bibelots et de portraits de lui, vêtu de ces éternels complets blancs, voire d’un gilet de costume à chaînette assorti au pommeau de sa canne mordorée.
85 ans. Silhouette émaciée, front immense, regard intense, Wolfe se force à écrire 10 pages quotidiennes. Avec de l’entraînement, on peut y arriver « en 3 heures, comme ça, on a le reste de la journée pour ne rien faire », assène-t-il dans un demi-sourire.
Et François Busnel, impeccable pédagogue, explique :
À force de débusquer les tabous et petits secrets de l’Oncle Sam, on a pris Tom Wolfe pour un provocateur, un réactionnaire. En fait, c’est le Balzac des Américains, il s’incruste là où on ne veut pas de lui.
Dans le triplex huppé de Leonard Bernstein, le grand compositeur, Wolfe pénétra un jour une fête pleine de Black Panthers, activistes de la cause noire dans les années 70. L’un d’eux entame une oraison.
Pour le soutenir, Bernstein lève le poing. Sauf qu’il lève le gauche au lieu du droit. « J’ai tout noté, tout raconté, mon article a fait l’effet d’un coup de tonnerre », se souvient Wolfe. Cette fois, le sourire n’est pas à moitié, il est complet. Rappelons qu’un de ses livres, décapant, s’intitule Le gauchisme de Park Avenue.
« La fiction n’arrive pas à la cheville du réel », poursuit l’écrivain qui a attendu l’âge de 57 ans pour publier un roman et qui distille les techniques narratives de ce nouveau journalisme ou non-fiction dont il fut le chantre et demeure l’icône. Genre littéraire que plusieurs éditeurs remettent aujourd’hui à l’honneur en France. En attendant, rendez-vous ce soir dans l’Upper East Side de Manhattan, « le quartier des gens ambitieux », assume Tom Wolf, « et moi, très jeune, je voulais devenir célèbre ».
Rencontre avec Tom Wolfe dans La Grande Librairie sur France 5 ce soir à 20h50.
Et le recueil des meilleurs articles de Tom Wolf, Où est votre stylo ? va sortir chez Robert Laffont le 6 octobre.
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