"Tout sur ma mère", sur Arte

L'équipe de "Tout sur ma mère" de Pedro Almodovar, à Cannes en 1999
L'équipe de "Tout sur ma mère" de Pedro Almodovar, à Cannes en 1999 ©Getty - Pool BENAINOUS/DUCLOS
L'équipe de "Tout sur ma mère" de Pedro Almodovar, à Cannes en 1999 ©Getty - Pool BENAINOUS/DUCLOS
L'équipe de "Tout sur ma mère" de Pedro Almodovar, à Cannes en 1999 ©Getty - Pool BENAINOUS/DUCLOS
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Compliqué, parfois, de partager après tant d’années un film qu’on a aimé et dont tous les fils se sont emmêlés.

Mais il serait content, Almodovar, de savoir combien, de son bouleversant morceau de bravoure, nous est resté de faux cils, de faux seins, d’adieux sous la pluie, de fous rires entre gonzesse, de sanglots à la mort d’un môme, de dose d’héro, de putes, de travlos, de transfusions sanguines, de feux de la rampe et de rideaux rouges, le tout irrigués par un inextinguible amour filiale, plus fort qu’une mère qui n’est pas la mère ou qu’un père qui s’habille en femme. Almodovar n’a peur de rien, ni du mélo, ni du baroque. Vous le saviez.

Mais, cette histoire totalement éblouissante et tordue, à laquelle vous n’avez grâce à moi rien compris (j’ai décidé depuis un moment déjà que je ne racontais plus les films mais les sensations qu’ils produisent et les idées qu’ils engendrent – quelle prétention !) cette histoire totalement éblouissante et tordue atteint des dimensions folles lorsqu’elle percute de plein fouet le monde de la scène. Que les planches font irruption sur l’écran. Que le public de la pièce s’intercale entre le spectateur et l’écran. Que les femmes du film, interprétées par des actrices de cinéma, se mettent à jouer les actrices de théâtre.

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Elles rappellent Gena Rowland, Bette Davis, Romy Schneider à qui le film est dédié. Quant à Almodovar, il s’emplit de Cassavetes, de Bergman, de Mankiewtz, de tous les génies du septième art qui ont fait entrer le théâtre au cinéma et qui ont mené une réflexion magnifique sur les jeux de rôle et le pouvoir de la théâtralité, révélateur de vérité.

Toujours rien compris ? Le fils de Manuela est tué à la sortie d’une représentation. Il essayait d’obtenir un autographe de la comédienne. Sa mère, qui sera elle-même amenée à remonter sur scène, part à la recherche du père de son enfant. Elle le retrouve travestit et prostitué dans un milieu interlope dont les parures miteuses et les perruques déclinent le costume de l’acteur, sa transformation physique et psychologique. Dis comme ça, vous ne me croirez pas, mais Tout sur ma mère est en fait un film super fort, super drôle, super poignant et qui fait du bien parce qu’il est plein de personnages de se veulent du bien.

► LE PROGRAMME | Tout sur ma mère, ce soir sur Arte.

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