L’affaire Orion : les circuits du détournement des recettes du pétrole congolais

Le patron de la société Orion Oil, Lucien Ebata.
Le patron de la société Orion Oil, Lucien Ebata. - Photomontage Libération /Pierre Morel. Divergence, AFP et Getty image
Le patron de la société Orion Oil, Lucien Ebata. - Photomontage Libération /Pierre Morel. Divergence, AFP et Getty image
Le patron de la société Orion Oil, Lucien Ebata. - Photomontage Libération /Pierre Morel. Divergence, AFP et Getty image
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La société de négoce de pétrole Orion Oil est au cœur de ce qui pourrait être l’un des principaux circuits de détournement des recettes de l’or noir du Congo. Le journaliste Ismaël Halissat a enquêté sur cette affaire qui met en cause des policiers et dans laquelle apparaît de nom de Manuel Valls.

Avec
  • Ismaël Halissat Journaliste à Libération
  • Jacques Monin Journaliste français

En 2012, Lucien Ebata, à la tête de l’entreprise spécialisée en négoce de pétrole Orion Oil est interpellé à l’aéroport de Roissy. Les douanes découvrent qu’il transporte 182 000 euros et 40 000 dollars en liquide, ce qui va éveiller l'intérêt de la justice et marquer le début d’une affaire tentaculaire. Cinq ans plus tard, l’appartement parisien de l’homme d’affaires est perquisitionné. Les enquêteurs découvrent des sacs remplis de billets, des montres et de la maroquinerie de luxe, un butin estimé à 600 000 euros. “Mais surtout ils vont découvrir une comptabilité occulte qui court de 2014 à 2017, précise le journaliste Ismaël Halissat. C'est-à-dire qu'on atteint quasiment 200 millions de dollars dépensés en quelques mois.”

Ces sommes d’argent astronomiques ont notamment permis à la famille Ebata de mener un train de vie de luxe, souligne Ismaël Halissat qui a enquêté sur cette affaire avec Jérôme Lefilliâtre pour le journal Libération. “Dans cette comptabilité occulte, on voit aussi ce qui pourrait s'apparenter à des rétrocommissions, à des commissions versées à des officiels du Congo et notamment Denis Sassou-Nguesso, le président congolais, ajoute le journaliste. On voit qu'il y a jusqu'à 37 millions de dollars qui, sur cette période, ont pu lui être versés en cash."

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Les enquêteurs découvrent aussi, grâce à une écoute téléphonique interceptée entre Lucien Ebata et sa femme, qu’il aurait été approché par un proche conseiller de Manuel Valls lorsque ce dernier était candidat à la primaire du parti socialiste en France. “Le 28 novembre 2016, Lucien Ebata rencontre Stéphane Fouks dans un palace parisien, détaille Ismaël Halissat. Et quelques heures plus tard, il dit à sa femme qu'il a été approché par un proche de Manuel Valls qui cherche un financement occulte pour la campagne présidentielle à venir.” Une hypothèse que l’ex-candidat dément.

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