Jean-Yves Defay est un ancien diplomate français. Dans un livre, il raconte comment les diplomates échangent à travers le monde des objets ou des courriers plus ou moins confidentiels, mais sans aucune possibilité de contrôle.
De 1987 à 1989, Jean-Yves Defay est diplomate au ministère des Affaires étrangères. Il est chargé de la valise diplomatique, ces courriers plus ou moins volumineux, entourés de mystères et de fantasmes, qui échappent au contrôle des autorités où que l'on se trouve dans le monde. Dans son livre Les secrets de la valise diplomatique (éditions Hoëbeke, Gallimard), il lève le voile sur cette valise. Il est au micro de Jacques Monin dans Secrets d'info.
La valise diplomatique, "une petite entreprise mondiale"
Les locaux de la valise diplomatique sont situés dans les sous-sols du Quai d'Orsay, dans un lieu appelé le "bunker". Avec 300 missions diplomatiques dans le monde, la quantité d'objets qui circulent entre diplomates est considérable. "La valise diplomatique est une petite entreprise mondiale, qui expédie des communications ou des instruments de communications vers tous nos postes", témoigne Jean-Yves Defay.
Dans cette valise, on retrouve des documents officiels ou confidentiels, des messages chiffrés, mais aussi des choses plus inattendues, comme des résultats d'essais nucléaires, ou bien des urnes funéraires de Français décédés à l'étranger. "Il n'est pas toujours question de choses secrètes, il arrive aussi que l'on transporte cela parce que quelques fois il n'y a pas d'autres moyens."
Bijoux et corruption
Un jour, au fond d'un sac de la valise diplomatique arrivé d'Asie, Jean-Yves Defay tombe sur une boîte à chaussures pleine de bijoux. "La tentation de la corruption était grande pour certains fonctionnaires français, explique-t-il. Il s'agissait d'un poste diplomatique où les communautés françaises ne pouvaient plus, à cause des changements de régimes politiques, faire passer chez elles en France leurs biens de famille. Un agent diplomatique s'est laissé tenté et a fait passer des bijoux dans une boîte en carton. Ça s'est mal fini pour lui."
Des rançons parallèles
Officiellement, la France ne paye pas de rançons pour faire libérer des otages. Mais d'après l'ancien diplomate, des rançons circulent pourtant dans des valises diplomatiques, envoyées par des employeurs par exemple, avec l'aval des autorités françaises : "Les cas que j'ai connus, ce sont des kidnappings de nature économique, commerciale ou criminelle. Les autorités administratives et politiques m'avaient dit qu'il y a des cas humanitaires qui pouvaient être réglés de cette façon. Je n'ai aucun regret de l'avoir fait."
Soutien aux opposants
On apprend aussi dans le livre de Jean-Yves Defay que la France utilise la valise diplomatique pour soutenir certains opposants ou certains rebelles. L'ancien diplomate raconte avoir fait passer des lunettes de vue nocturne à l'opposant d'un chef d'État africain sur lequel la France misait. "Les différents services français utilisent effectivement notre valise diplomatique pour des raisons nationales. Ce sont des cas très particuliers."
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Aller plus loin
► Les secrets de la valise diplomatique, un livre de Jean-Yves Defay (éditions Hoëbeke, Gallimard), disponible en librairie.
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