La Cellule Investigation de Radio France a enquêté sur les comptes de la campagne présidentielle de 1995, en se plongeant dans les archives du Conseil Constitutionnel. Ces dernières révèlent qu'Edouard Balladur et Jacques Chirac ont dépassé le plafond de leurs comptes de campagne lors de la présidentielle de 1995.
- Sylvain Tronchet Journaliste, correspondant de Radio France à Moscou
Sylvain Tronchet de la Cellule Investigation de Radio France révèle que la campagne présidentielle de 1995 a été un jeu de dupe : Édouard Balladur et Jacques Chirac ont allègrement dépassé le plafond des comptes de campagne, et qu'ils ont même été aidé en cela par le Conseil Conseil Constitutionnel.
Des informations que les journalistes Sylvain Tronchet et Élodie Guéguen ont découvert dans les archives même du Conseil constitutionnel, gardées secrètes 25 ans, et accessibles depuis 10 jours à peine, à travers deux types de documents : les comptes rendus des séances où sont retranscrit les échanges, et les rapports, la comptabilité.
"La réalité était sans doute pire que la rumeur"
Ainsi les deux candidats de 1995 ont dépassé chacun leur plafond de campagne, de 6 millions de francs pour Édouard Balladur, et de 5 millions pour Jacques Chirac, et il s'agit d'une fourchette basse pour tous les deux : "Les comptes de Nicolas Sarkozy ont été rejeté pour moins que ça en 2012" explique Sylvain Tronchet.
Éviter une crise majeure au président en exercice
"Les rapporteurs étaient de jeunes haut fonctionnaires qui ont très bien travaillé : ils ont trouvé chez Édouard Balladur des dizaines de meetings dont les factures n'ont pas été identifiées. Jacques Chirac, lui a pu s'abriter derrière le RPR qui a pris en compte un certain nombre de dépenses".
Le journaliste de la Cellule évoque aussi des versements en liquide la veille du premier tour : 10 millions de francs par exemple pour Edouard Balladur, justifiés comme le fruit des ventes de tee-shirt. "Les sages ont taillé les comptes, tordu le bras des rapporteurs, obligés de revoir leur copie à plusieurs reprises. Ils voulaient éviter une crise politique majeure au président élu. Les conséquences personnelles et financières pour Edouard Balladur et Jacques Chirac auraient été terribles" explique Sylvain Tronchet qui rappellent que des poursuites pour cette affaire, pour le seul survivant Édouard Balladur, sont très peu probables aujourd'hui, même s'il comparait dans quelques mois pour l'affaire de Karachi.
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