Qu'attendre du Beauvau de la sécurité : Mathieu Zagrodzki, Chercheur associé au CESDIP (Centre d'Etudes Sociologiques sur le Droit et les Institutions Pénales) en science politique spécialisé dans la sécurité quotidienne et la police
- Mathieu Zagrodzki chercheur associé au CESDIP, Centre d'Etudes Sociologiques sur le Droit et les Institutions Pénales à l'Université de Versailles Saint-Quentin, auteur de "Que fait la police ? Le rôle du policier dans la société", ed. de l’Aube.
Le chercheur rappelle que ce Beauvau s'est lancé dans un contexte bien particulier, juste après l'affaire Michel Zecler, cet homme victime de violences policières devant les caméras. "Ça a généré une émotion nationale, et dans la foulée de cet événement, il a été décidé de mener cette série de tables rondes. Ce n'est donc pas qu'une question de moyens ou d'effectifs : mais la crainte qu'on peut avoir, c'est que ça le devienne ou que ça le soit devenu. Et que les annonces qu'on entendra se focalisent un peu trop là-dessus."
"La composition des tables rondes a été critiquée parce qu'il y avait une forme d'entre-soi", raconte Mathieu Zagrodzki. "Ce qui a été reproché, c'est l'absence de voix critiques, il n'y a pas eu d'associations ou d'universitaires qui auraient pu prendre part à ces tables rondes, même s'ils ont parfois été reçus individuellement."
"On est dans une phase très politique"
Qu'est-ce qui peut ressortir de cette grande consultation, alors qu'Emmanuel Macron doit prendre la parole sur le sujet ce mardi ? "Le timing est étonnant : faire des annonces à peine 24 heures après la clôture de ce Beauvau, ça me paraît très rapide pour analyser les retours et faire une véritable synthèse. Mais d'une autre côté, on est dans une phase très politique, donc c'est assez logique."
Le sujet des violences policières, qui était le point de départ de cet exercice, a-t-il été présent dans les débats ? "Il est un peu passé au second plan", explique le chercheur. "Tout simplement parce qu'il y a une actualité qui change régulièrement : c'est un mouvement de balancier auquel on assiste depuis des années, entre une discussion sur les violences policières, et une autre sur les violences contre les policiers. C'est très cyclique. Il est normal de parler de l'un comme de l'autre, mais ce sont les deux faces d'une même pièce : il y a une tension latente entre les forces de l'ordre et une partie de la population qui s'est installée depuis quatre décennies."