Emmanuel Torregano : "Les géants de la musique se portent mieux qu'ils se sont portés"

Disques vinyles à Amsterdam (photo d'illustration)
Disques vinyles à Amsterdam (photo d'illustration) ©AFP - Martin Bertrand / Hans Lucas
Disques vinyles à Amsterdam (photo d'illustration) ©AFP - Martin Bertrand / Hans Lucas
Disques vinyles à Amsterdam (photo d'illustration) ©AFP - Martin Bertrand / Hans Lucas
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Quelle est l'évolution de l'industrie musicale depuis ces quinze dernières années : Emmanuel Torregano, journaliste, rédacteur en chef du site electron libre.info est notre invité de 6h20

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"Le secteur s'est bien redressé depuis le début des années 2000, où il avait perdu beaucoup avec le piratage sur Internet", explique le spécialiste. "Aujourd'hui, [Universal Music], ça vaut 33 milliards : c'est pas mal, mais c'est pas non plus incroyable. Par exemple, Spotify, première plateforme de musique en ligne, vaut 45 milliards. Pour l'instant, Universal est sur la bonne voie du redressement."

"Les géants de la musique se portent mieux qu'ils se sont portés. Ils ont fait en sorte aujourd'hui encore de gagner de l'argent, et ils sont tous sur une voie ascensionnelle qui n'est pas encore terminée."

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Pourtant, ce n'était pas gagné, raconte Emmanuel Torregano. "Au début des années 2000, lorsqu'arrive la vague Internet, et qu'on avait la possibilité de télécharger ce qu'on voulait comme musique et de ne pas acheter de CD, beaucoup ne donnaient plus très cher de la peau des majors, et des maisons de disque en général. Finalement, ils ont bien réagi après quelques années : les premières années, ils ont eu très peur et du mal à comprendre ce qui leur arrivait. Ils ont vu tout d'un coup leur secteur perdre 50 % de son chiffre d'affaires global."

"Pour les artistes, c'est plus compliqué" que pour les majors

"Les majors se sont concentrées, elles se sont rachetées les unes les autres, avec moins de personnel et des économies de coûts", raconte-t-il. "Elles ont fait le dos rond, en continuant à produire des disques, à signer des artistes, en attendant que ça aille mieux. Heureusement pour elles, en 2021 on a retrouvé un niveau de chiffre d'affaires du secteur de la musique en redressement progressif."

"Elles sont viables parce qu'économiquement elles se sont adaptées : Universal Music, qui rentre en bourse aujourd'hui, est une société tout à fait viable qui a une croissance à deux chiffres chaque trimestre."

"Pour les artistes c'est plus compliqué", reconnaît le journaliste. "Pour certains ça a été une immense perte. Beaucoup ne vivent pas de leur musique : les grandes stars vivent très bien et il n'y a pas eu de grand changement pour elles, mais beaucoup d'autres gagnaient moins et ça a été compliqué. Aujourd'hui, il y a énormément d'opportunités, y compris pour des artistes non signés, de gagner un peu à nouveau leur vie sur Internet. La multiplication de l'opportunité d'écouter de la musique permet d'engranger un peu plus d'argent à chaque fois, même si c'est encore certainement insuffisant."