Erick Petit sur le plan contre l'endométriose : "Il faut la dépister le plus tôt possible, dès l'adolescence"

L'endométriose doit être dépistée le plus tôt possible
L'endométriose doit être dépistée le plus tôt possible ©Getty - IAN HOOTON/SCIENCE PHOTO LIBRARY
L'endométriose doit être dépistée le plus tôt possible ©Getty - IAN HOOTON/SCIENCE PHOTO LIBRARY
L'endométriose doit être dépistée le plus tôt possible ©Getty - IAN HOOTON/SCIENCE PHOTO LIBRARY
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Emmanuel Macron annonce de nouvelles mesures pour lutter contre l'endométriose : Erick Petit radiologue, responsable et fondateur du Centre de l'endométriose à l'hôpital Saint-Joseph, président de l'association RESENDO est l'invité de 6h20

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  • Erick Petit Radiologue, responsable et fondateur du Centre de l'endométriose à l'hôpital Saint-Joseph

L'endométriose "n'est pas un problème de femmes, mais un problème de société", a déclaré hier Emmanuel Macron. Le président de la République a annoncé une stratégie nationale de lutte contre l'endométriose, maladie méconnue mais dont souffre une femme sur dix en France.

"C'est l'aboutissement de plusieurs années de travail, des professionnels de santé en partenariat avec les associations de patientes, et avec les autorités de santé", salue Erick Petit radiologue et responsable et fondateur du Centre de l'endométriose à l'hôpital Saint-Joseph. 

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"La mise en place des filières de soins, c'est une étape très importante", poursuit Monsieur Petit. "Il faut qu'il y ait au moins un centre dans chaque région, avec des niveaux gradués de 1 à 3. Les centres de niveau 1 sont très importants, pour une prise en charge des femmes partout en France"

Augmenter le budget de la recherche

Hier, la présidence a indiqué "qu'un financement national spécifique" serait mis en place, sans préciser de budget chiffré, et qu'un "comité de pilotage national" serait chargé par Olivier Véran de mettre en application ce plan. "Il va falloir entrer dans le dur du sujet, en augmentant le budget de la recherche", note Erick Petit. 

"Il faut former, sensibiliser et accentuer la recherche pour trouver des moyens thérapeutiques efficaces."

Des douleurs largement sous-estimées

L'endométriose "est largement méconnu, sous estimé et marginalisé alors que c'est probablement la maladie la plus fréquente de la femme qui a toujours été mise de côté, il faut que ça change", développe le président de l'association RESENDO. 

Comment se fait-il que les médecins soient si peu formés sur la question ? "Nous n'avons jamais été enseignés dessus, ça ne fait pas partie du corpus d'enseignement médical. Parce que c'est une maladie de femmes, effectivement. Heureusement ça change, enfin on en parle de façon sérieuse."

"Le grand drame de cette maladie, c'est qu'on a enfermé la femme dans une normalisation de la douleur."

"On considère qu'une femme douloureuse c'est normal", poursuit-il. 

Une formation à diffuser

"C'est important de diffuser cette formation, car tout praticien peut rencontrer une patiente atteinte d'endométriose", estime Erick Petit. Il faut en moyenne sept ans pour que les femmes soient diagnostiquées de l'endométriose, et selon le radiologue, "ce serait même 10 ans", selon une étude plus récente qui sera publiée prochainement. "C'est considérable". 

Trouver un traitement pour guérir

"On a des traitements, mais on ne guérit pas [de l'endométriose a aujourd'hui]. La seule façon de guérir c'est d'atteindre la ménopause", explique le professeur. 

"C'est une maladie hormonodépendante qui commence dès les premières règles, donc il faut la dépister le plus tôt possible, dès l'adolescence", informe-t-il. 

"Aujourd'hui on la soigne sans la guérir, on peut soulager les douleurs correctement. Un jour on espère pouvoir trouver un traitement qui soit découplé des hormones, car c'est un traitement encore imparfait qui empêche d'accéder à une grossesse. Dès qu'on est sous pilule en continu, c'est impossible d'être enceinte."

C'est un handicap quotidien pour un grand nombre de femmes, sur le plan organique, mais aussi psychique, familial, affectif, social et professionnel.

C'est l'une des premières causes d'arrêt de travail pour les femmes en France, selon le radiologue, "avec en moyenne 33 jours d'arrêt de travail par femme atteinte" de la maladie.  

La non prise en charge de l'endométriose est extrêmement coûteuse pour la société, conclut-il. "Ça coute près de 10 milliards par an à la société française actuellement, la non prise en charge correcte et adaptée des femmes atteintes."