Journée internationale des femmes et des filles de science: Isabelle Pianet présidente de l'association Femmes et sciences et ingénieure de recherche en archéométrie au CNRS est l'invitée de 6h20
Aujourd'hui, moins de 30% des chercheurs et chercheuses dans le monde sont des femmes, selon l'ONU, qui a instauré une journée internationale des femmes de science - et c'est ce 11 février. "En France, c'est même un petit peu moins, on est autour de 27% et on craint une chute", selon Isabelle Pianet, présidente de l'association Femmes et sciences.
Cela dépend beaucoup des disciplines, selon elle : médecine et biologie comptent une beaucoup de femmes. "En chimie aussi on compte 50% de femmes, mais là où elles ne sont pas très présentes, ce sont les mathématiques, la physique, les sciences de l'ingénieur et l'informatique", explique la chercheuse.
"On a perdu 10% de filles au lycée"
Comment expliquer le déséquilibre hommes-femmes dans les sciences ? "Les filles ne vont pas vers les sciences de manière naturelle : on pense qu'elles ne se sentent pas légitimes dans ce genre de domaines, c'est lié à des stéréotypes", explique Isabelle Pianet. Un mélange d'auto-censure et de représentations genrées, qui font qu'on représente naturellement un chercheur comme un homme, sur le modèle du savant fou.
Pour pallier ce manque de modèles, "le rôle de notre association c'est d'aller dans des collèges et des lycées pour montrer que les femmes peuvent tout à fait faire des sciences (...). On en fait aussi un peu en primaire", dit-elle, mais les 425 adhérentes ne peuvent aller à la rencontre que de 12 000 élèves par an.
Plafond de verre
Cela a-t-il un impact sur la recherche ? "Évidemment, car ce sont les scientifiques d'aujourd'hui qui pensent le monde de demain. Se priver de la vision des femmes, c'est les exclure du monde de demain", répond Isabelle Pianet. "Il faut leur dire d'oser les sciences, mesdemoiselles, mesdames !"