Retour sur le 17 octobre 1961 : Samia Messaoudi journaliste à BeurFM et à Clara Magazine, co-fondatrice avec Mehdi Lallaoui de l'association "Au nom de la mémoire" et autrice de "De la connaissance à la reconnaissance" (Ed Au nom de la mémoire 2021) est l'invitée du 6h20
- Samia Messaoudi journaliste à BeurFM et à Clara Magazine, co-fondatrice avec Mehdi Lallaoui de l'association Au nom de la mémoire
A Granville, Vaulx-en-Velin, Marseille, Valence et dans d'autres villes, des cérémonies de commémoration du massacre d'Algériens perpétré il y a 60 ans à Paris auront lieu ce dimanche. Le 17 octobre 1961, plusieurs dizaines de milliers d'Algériens manifestent, notamment pour dénoncer le couvre-feu qui vient de leur être imposé par le préfet Maurice Papon. On est alors en pleine guerre d'Algérie, la police intervient et officiellement il y a trois morts. En réalité, il y en aurait peut-être 300, d'après certains historiens. Pourquoi un tel écart ? Pourquoi cet évènement est-il resté si longtemps sous silence ?
Les parents de Samia Messaoudi ont manifesté ce jour-là, elle raconte pourquoi. "C'était une terrible injustice, ce couvre-feu, dans la vie de ces hommes et de ces familles, qui travaillaient sur le territoires français. Un couvre-feu raciste, car ce n'est qu'à eux seuls qu'il s'adressait."
Elle évoque les circonstances de cette manifestation, qui se veut pacifique. Ses parents "manifestent dignement, endimanchés, un mardi. Cette manifestation est préparée en région parisienne, par des agents de liaison de la fédération de France du FLN. Il va être conseillé vivement de partir dignement, marcher pacifiquement [loin] de cette périphérie de la capitale où ils vivaient."
Selon elle, le rassemblement a dégénéré à cause du préfet Maurice Papon. "Il ne voulait plus entendre parler du combat des Algériens, à quelques mois de la fin de la guerre de 'libération', je l'appellerais ainsi."
Comment se fait-il que 60 ans après il y ait encore un tel écart de chiffres ? Trois morts officiellement, trois-cents selon certains historiens. "Les trois morts sont une fantaisie de la police de l'époque. On a retrouvé des corps, et il y a des descendants à qui on a raconté l'histoire, à qui on a raconté que des hommes n'étaient pas revenus de cette manifestation. Mais vous savez, dans les guerres, raconter la souffrance c'est terrible."
Depuis 30 ans, Samia Messaoudi, qui est aussi journaliste, recueille les témoignages de ceux qui se souviennent de cette journée.