Le Parlement a validé jeudi une proposition de loi pour protéger les langues régionales, contre l'avis du gouvernement. Elle reconnait notamment l’enseignement immersif. Paul Molac député du Morbihan et rapporteur de la proposition de loi est notre invité du 6h20
"La seule loi existante jusqu'ici sur les langues régionales datait de 1951, elle disait que l'on pouvait enseigner une langue régionale à l'école seulement si on pouvait apprendre le français en même temps", rappelle Paul Molac, député du Morbihan, rapporteur de la proposition de loi. "Là, c'est une loi beaucoup plus large, qui concerne aussi la signalétique, des fameux signes diacritiques comme le ñ de "Fañch". On change la loi Toubon pour dire qu'on ne peut pas s'opposer à l'utilisation des langues régionales".
Qu'est-ce que cela va changer concrètement ? "On peut avoir de la signalétique bilingue, c'était déjà possible mais désormais c'est dans la loi, on ne peut plus le contester. Jusqu'ici, pour les langues régionales, tout ce qui n'était pas autorisé était défendu". Et à l'école ? "On va pouvoir utiliser la méthode par immersion : à un moment donné, on décide de faire beaucoup d'heures de langue régionale pour que les enfants installent la langue régionale comme il faut. Et on voit que ça ne pénalise pas du tout le français : au Pays basque une expérience a montré que les enfants qui faisaient la maternelle à 100% en basque avaient de meilleurs résultats en français au primaire".
"Dans les conventions signées entre les régions et l'État, le but, c'est de proposer à tous ceux qui le veulent de faire une langue régionale (...). Il s'agit de répondre à une demande sociale", précise Paul Molac, qui explique qu'il va falloir former des enseignants, mais que cela peut se faire en neuf mois, et que des Capes existent dans presque toutes les langues régionales.
Au total, il y a un bon nombre de langues régionales : "le breton, le basque, le corse, l'occitan, le catalan ou l'alsacien", celles-là sont toutes enseignées. Mais d'autres langues ont moins de locuteurs, comme des langues d'outre-mer ou, en métropole, ou le franco-provençal ou le flamand occidental, qui ont une demande d'enseignement, mais bloquée par l'Éducation nationale.
Serait-ce grave si ces langues disparaissaient ? "C'est tout un pan de notre histoire, mais aussi de notre culture, de notre créativité, qui disparaissait. La privation de langue, c'est très important". Le ministre de l'Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, ne soutenait pas cette loi, et parlait même d'une forme de "séparatisme" pour l'enseignement immersif : "Il serait temps qu'il mette son logiciel à jour. On n'est plus au XIXe siècle où il y a une langue nationale qui devait faire disparaître les autres. On est dans le plurilinguisme, avec des gens qui ont des langues différentes, et ça, l'État ont du mal à le prendre en compte".
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