Historien, membre du Conseil des sages de la laïcité et professeur d'histoire-géographie dans un collège de Seine-Saint-Denis, Iannis Roder était l'invité de Patricia Martin, après la décapitation d'un enseignant vendredi dans les Yvelines.
- Iannis Roder Enseignant
Iannis Roder, historien, membre du Conseil des sages de la laïcité et professeur d'histoire-géographie dans un collège de Seine-Saint-Denis, était l'invité de Patricia Martin ce samedi matin, au lendemain de la décapitation d'un enseignant qui avait montré des caricatures de Mahomet à ses élèves.
"Je suis en colère ce matin", lâche Iannis Roder. "Cela fait des années que nous tirons le signal d'alarme. C'était tout à fait dans l'ordre du possible. À partir du moment où des gens considèrent, dans une vision absolutiste de la religion, que tous ceux qui s'opposent à leur vision du monde sont des cibles potentielles, je ne vois pas pourquoi les enseignants qui sont en première ligne, qui se battent au quotidien pour faire valoir les valeurs de la République, ne seraient pas un jour victime de cela."
"J'attendais cela avec anxiété", poursuit-t-il : "Nous somme tous sidérés, à nous dire que c'est terrible. J'entends les syndicats enseignants, j’entends la classe politique. Ça fait 20 ans que nous avons écrit un livre qui s'appelle 'Les territoires perdus de la République'. Cela fait 20 ans que nous tirons le signal d'alarme."
Iannis Roder s'appuie sur des données chiffrées. "Un sondage sur Charlie Hebdo, fait par la fondation Jean-Jaurès et l'Ifop le 31 août, nous dit que 29% des Français musulmans considèrent que l’Islam n’est pas compatible avec les valeurs de la République. Plus inquiétant encore : 45% des moins de 25 ans. Il y a des chiffres, pourquoi on ne regarde pas cette réalité en face ?"
"Les élèves qui arrivent à l'école ne laissent pas leur cerveau à l'entrée", explique-t-il. "Ils entrent avec ce qu'on leur apprend chez eux. Tout le rôle de l'école, c'est l'ouverture au monde. [...] À partir du moment où on a une vision absolutiste religieuse transmise par les parents, c'est très difficile pour un enfant de s'en défaire et il va manifester nécessairement ce qui se passe chez lui."
"C'est un tournant, je l'espère, enfin, dans la prise de conscience de la réalité de ce qu'il se passe sur le terrain [...] : la fin de l'innocence."
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