Anselm Kiefer et Pascal Dusapin, les artistes du Panthéon

Anselm Kiefer et Pascal Dusapin sous la coupole du Panthéon, novembre 2020
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Anselm Kiefer et Pascal Dusapin sous la coupole du Panthéon, novembre 2020 ©Radio France - Capture écran
Anselm Kiefer et Pascal Dusapin sous la coupole du Panthéon, novembre 2020 ©Radio France - Capture écran
Anselm Kiefer et Pascal Dusapin sous la coupole du Panthéon, novembre 2020 ©Radio France - Capture écran
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Le plasticien allemand, Anselm Kiefer et le compositeur français, Pascal Dusapin, sont les invités de Léa Salamé. L’État leur a passé commande pour des œuvres qui accompagneront l’entrée de l’écrivain Maurice Genevoix au Panthéon, mercredi 11 novembre.

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Comment ont-ils réagi en étant contactés pour réaliser ces œuvres qui resteront au Panthéon ? "Je ne me vois pas seulement dans le temps humain, mais dans le temps géologique, et même cosmique", explique le plasticien Anselm Kiefer. "C'était quand même un défi, j'ai réfléchi à ce que ça veut dire, un artiste dans le Panthéon, car ça pose beaucoup de questions : il y a aussi beaucoup de guerriers, et je me demandais ce qu'était le mal dans le monde, et ça n'en finit pas. On était persuadé qu’après avoir vaincu le nazisme, ça irait, mais ça continue."

"Je ne me suis pas amusé à imiter la guerre avec un orchestre", raconte de son côté le compositeur Pascal Dusapin. "Mon idée c’était de transformer cet endroit en poumon chantant. Je savais qu'Anselm, de son côté, allait pointer les éléments d’une manière presque nominative : pour ma part, la musique est réduite à la transfiguration."

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"C’est une commande impressionnante, vous vous dites : “comment je vais répondre à ce truc-là ?” Mais le président nous a laissé une liberté incroyable. Personne ne m’a surveillé ni quoi que ce soit."

Léa Salamé avec ses deux invités Anselm Kiefer et Pascal Dusapin
Léa Salamé avec ses deux invités Anselm Kiefer et Pascal Dusapin
© Radio France - P.Puerari

Qu'ont-ils pensé en découvrant Maurice Genevoix, qui entre au Panthéon ce mercredi ? "Je ne le connaissais pas, puis j'ai lu ses livres, et j'ai découvert un paradoxe", reconnait Anselm Kiefer. "Il parle des tranchées, la boue, le sang, c'était affreux. Et puis il décrit ça, et ça devient beau : la merde devient belle. L'artiste fait ça : il prend son matériel, la boue, la pierre, et quand il le transforme, ça devient beau. C’est ça le paradoxe !"

"Il décrit la détresse, mais il voit dans des détails, comme une goutte d’eau, le contraire de ce qu’il vivait."

Pour Pascal Dusapin, "Genevoix n’est pas dans une attitude romantique". "Je ne me suis pas inspiré de ces écrits pour ma musique, mais il y a quelque chose qui traverse. Moi ça m’a donné envie d’écrire quelque chose qui a à voir avec la paix, la douceur…"

Dans son œuvre, il y a aussi ses 15.000 noms qu'on pourra entendre dans l'enceinte du Panthéon. "Il a fallu faire une sélection, dans laquelle il y a 5 % de femmes, mais aussi des soldats des pays africains et du Maghreb. Ces 15.000 respectent totalement la répartition des victimes de la guerre !"

Anselm Kiefer le rappelle : "Les femmes étaient présentes dans la guerre, elles faisaient les munitions, géraient les hôpitaux. Mais après la guerre, on n’a pas donné aux femmes les droits qu’il fallait ! Il a fallu attendre la suivante."

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