Cédric O : "Personne ne pourra retracer ni qui a été infecté, ni qui a infecté qui"

Cédric O
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Cédric O ©AFP - LUDOVIC MARIN / AFP
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Le secrétaire d'Etat au numérique Cédric O est l'invité de la matinale de France Inter. Il détaille les tenants et les aboutissants de l'application StopCovid, en cours de développement, un des outils possibles pour permettre de sortir du confinement.

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  • Cédric O Secrétaire d'Etat chargé du Numérique

"Il faut encore la développer, il faudra a minima plusieurs semaines pour tout faire", précise Cédric O quand on évoque l'application StopCovid, à l'état de simple projet pour l'instant. "Ce serait une application de protection individuelle, qui remplirait une seule fonction : vous prévenir si vous avez été en contact, dans les jours précédents, avec une personne qui a été ensuite testée positive au coronavirus, pour que vous puissiez vous-même prendre des dispositions : vous faire tester et éventuellement vous confiner."

Pourquoi ce choix d'une application smartphone ? "Les épidémiologistes estiment qu’elle peut être utile dans le cadre d’une stratégie de déconfinement. C’est pour ça que nous avons lancé le développement, il se fait en commun avec d’autres pays (l’Allemagne et la Suisse notamment), de manière à ce que ce soit une solution européenne et respectueuse des valeurs européennes."

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Des pistes pour les Français sans smartphone

"Environ 80 % des Français possèdent aujourd’hui un smartphone (ce qui fait 20 % de personnes qui n’en ont pas)", explique le secrétaire d'État. "Le taux de pénétration est inégal dans les différentes catégories de population. Chez les personnes âgées, c’est environ 40 %. On sait qu’il y a une fracture numérique en France. Nous faisons en sorte que l’application soit très simple, accessible aux personnes en situation de handicap, et nous réfléchissons soit à déployer plus de smartphones, soit à aider les gens à en acquérir, voire à avoir une solution qui ne passe pas par les smartphones (qui mettra encore plus de temps à être développée)."

Anonymat et données éphémères

Quid de l'anonymat des personnes utilisant cette application ? La technologie utilisée l'assure en grande partie, selon  Cédric O. "Le bluetooth permet que ce soit totalement anonyme tout en mesurant bien les distances [entre les utilisateurs]. C’est quelque chose qui est disponible sur quasiment tous les téléphones portables, et surtout qui ne géolocalise pas les personnes : ça ne retracera pas vos déplacements."

"Ce que nous avons fait comme choix, c’est d’être totalement cohérents avec les valeurs françaises et européennes : ce sont des données anonymisées, qui sont effacées au bout d’un certain temps, l’application sera installée de manière volontaire, et personne ne pourra retracer ni qui a été infecté, ni qui a infecté qui."

Il ajoute que "l’application est temporaire, elle ne durera pas au-delà de la crise". Quant aux données, il promet qu'elles auront une durée de vie trop courte pour être détournées : "En fait, il n’y a même pas de données : personne n’aura accès à qui est contaminé, et personne ne sera capable de retracer qui a contaminé qui. Le seul bénéfice, il est individuel : vous saurez qui vous avez croisé, qui a depuis été testé positif. Les données sont stockées, anonymisées, inaccessibles pour qui que ce soit, et de la manière la plus décentralisée possible : à savoir plutôt sur votre téléphone que sur un serveur central."

Il comprend toutefois les inquiétudes, y compris dans sa majorité. "C’est de tradition française qu’il y ait une vigilance extrêmement forte sur la question des données personnelles et des libertés publiques. Mon rôle, c’est de faire en sorte qu’il y ait sur la table les solutions technologiques qui peuvent aider à la sortie du confinement et qui feront l’objet d’une décision ultérieure ; et d’expliquer cette application qui est encore mal comprise, et le fait qu’elle ne pose aucun problème en termes de libertés publiques, et qu’elle nécessiterait le cas échéant aucune modification de notre cadre juridique, aucun changement dans le cadre de respect de la vie privée assurée par la CNIL."

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