Claude Bartolone : "Marine Le Pen est dans l'obligation de dénoncer l'autre"

France Inter
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Après les attentats qui ont frappé Paris, le président de l'Assemblée nationale a repris sa campagne. À moins d'une semaine du 1er tour des régionales, le candidat PS en Île-de-France est l'invité de Léa Salamé.

26 militants écologistes assignés à résidence pendant la COP. Ce n’aurait pas été possible sans l’état d’urgence. 21 est-ce que le Gouvernement n’en fait pas un peu trop ?

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Nous devions montrer aux Français que nous assurons leur sécurité.

Et pourtant des personnes s’inquiètent de l’atteinte aux libertés. Une pétition a été lancée pour défendre le droit de manifester pendant l’état d’urgence. Y êtes-vous favorable ?

Lorsque l’on voit des manifestations pacifiques, elles ont été tolérées. L’association qui a mis des chaussures place de la République a réussi à faire parler de sa cause, plus que les abrutis qui se sont retrouvés en train d’affronter les forces de l’ordre.

Dans trois mois il faudra prolonger l’état d’urgence ?

Il y avait d’abord nécessité de remettre les Français ensemble.

Dans trois mois je suis persuadé que les choses seront entamées parce qu’il y aura eu prise de conscience.

Je ne crois pas que ce sera nécessaire si les Français acceptent cette idée de « nous devons réussir ensemble ».

Il y a trois modèles : celui de l’extrême droite : « détestez-vous les uns les autres », il y a celui de la droite : « méfiez-vous les uns les autres ». Et moi je le répète à votre micro, c’est tous ensemble que nous pourrons lutter contre le terrorisme.

Dans le JDD ce weekend vous avez déclaré : « Après les attentats, je n’ai pas une ligne à enlever votre programme, seul l’ordre des priorités changent. » Vous parlez évidemment de la sécurité. Le problème c’est que sur vos 12 engagements, pas un ne porte sur la sécurité.

Pour une bonne raison, la profession de foi était imprimée après les évènements.

Oui mais après janvier !

Je vous rappelle que ce n’est pas dans les compétences de la région. La région peut tout de même co-financer des commissariats, des caméras de vidéosurveillance, il y a aussi un budget sécurité dans la région, un budget presque divisé par 5 en 10 ans. S’il y a une région où l’on a voulu financer les commissariats, alors que le gouvernement se désengageait, s’il y a une région où l’on a fait des programmes de vidéosurveillance, c’est la région Île-de-France.

Valérie Pécresse ment ?

Valérie Pécresse ment […]. S’il y en a une qui devrait se taire, tout comme l'ancien président de la République, c’est bien elle car sous leur gouvernement on a perdu 13 000 postes de gendarmes, on en a fini avec les renseignements généraux qui seraient bien utiles pour faire remonter les informations.

Votre état-major reconnaît lui-même que votre dernière proposition sort du chapeau. Vous avez annoncé dimanche que vous mettrez en place un service civique au niveau régional. Il sera obligatoire ?

J’ai été chargé par le Président de la République d’un rapport sur les méthodes à mettre en place pour renforcer l’appartenance républicaine et déjà j’évoquais le service civique. La région Ile-de-France est une région de progrès. Je souhaite que nous soyons en pointe sur ce domaine.

Êtes-vous favorable à un service national de 3 à 6 mois ?

Oui, oui. […] pour les filles et les garçons.

Pour l’élite républicaine, à Polytechnique, c’est obligatoire. Si c’est vrai pour l’élite républicaine, ça doit être vrai pour tous.

Pour Marine Le Pen, le terrorisme n’est pas un sujet à combattre, c’est un terreau sur lequel elle prospère a dit Bernard Cazeneuve hier. Il n’est pas excessif ?

Regardez ce qui se dit sur la Seine Saint Denis. Lorsque j’entends le candidat de Madame Le Pen dire que les populations laborieuses sont des populations dangereuses, alors qu’on est face à un problème international, je ne suis pas sûre que les quartiers populaires de la Seine Saint Denis existent en Australie.

Marine Le Pen prospère sur le terrorisme ?

Bien entendu.

Elle utilise le terrorisme pour faire peur. Le Front National a toujours eu besoin de l’autre. Ça a été les Juifs, ça a été les immigrés, les réfugiés, aujourd’hui ce sont les terroristes.

Elle est dans l’obligation de dénoncer l’autre pour réussir à faire peur et vendre son fonds de commerce.

Vous appelez dix fois par jours Bernard Tapie comme l’affirme Médiapart ?

Pour ceux qui connaissent, Tapie, c’est vrai qu’il a le téléphone facile. Mais dix fois par jour, jamais.

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