Daniel Cohen, économiste : "Le rebond est en train de caler, parce que la crise sanitaire est toujours là"

L'économiste Daniel Cohen
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L'économiste Daniel Cohen ©AFP - Jacques DEMARTHON
L'économiste Daniel Cohen ©AFP - Jacques DEMARTHON
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L'économiste Daniel Cohen, directeur du département d'économie de l'École normale supérieure (ENS), est l'invité de Léa Salamé. Il évoque la crise économique suite à l'épidémie de Covid-19, et les limites du plan de relance gouvernemental.

Avec
  • Daniel Cohen Économiste et directeur du département d'économie de l'École Normale Supérieure, Président de l'Ecole d'Economie de Paris

La France est dans une situation de crise économique inédite, selon Daniel Cohen, qui cite notamment les chiffres de l'Insee : "On va enregistrer cette année une perte de PIB de 9 %, c’est 250 milliards d’euros qui se sont volatilisés pendant cette période, plus de 700.000 emplois détruits en un semestre, soit plus que tout ce qui a été créé depuis 2017… On est dans quelque chose d’inédit."

Pourtant les chefs d'entreprises se disent plutôt confiants. "Tout est relatif, et aussi le point de vue qu’on porte sur la situation", estime l'économiste. "Avec la fin du confinement, on s’est rendu compte que le corps social n’était pas cassé comme après une guerre, ou comme une épidémie normale : il n’y a pas eu beaucoup de morts, en réalité, c’était des mesures préventives. Dès qu’on a eu le sentiment que la crise sanitaire s’achevait, les choses sont reparties assez vite. Mais le rebond est en train de caler, parce qu’on est tous en train de découvrir que la crise sanitaire est toujours là."

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"Un plan [de relance] de long terme, or il y a une urgence à court terme"

Pour lui, pas la peine de craindre une deuxième vague : elle est déjà là. "La France est le seul pays avec l’Espagne à avoir connu un tel rebond [de l'épidémie, NDLR]. On a franchi tous les caps ! Oui, on est en pleine recrudescence : la bonne nouvelle, c’est que ce sont les jeunes donc il y a moins de décès."

Que pense-t-il du plan de relance présenté par le gouvernement ? Pour lui, il semble ambitieux mais est en fait trop limité : "Si on m’avait dit en février qu’on allait dépenser 100 milliards pour la transition écologique, la formation des jeunes, la compétitivité, je vous aurais dit de vous calmer ! Les murs de la rigueur budgétaire ont été fracassés. Mais quand on regarde un peu dans le détail, c’est un plan de long terme, or il y a une urgence à court terme. On prévoit sur ces 100 milliards, sur l’année 2021, de ne dépenser que 30 milliards, dont 10 milliards de baisse d’impôt de production dont les effets sont très longs. En fait, il n’y a que 20 milliards sur l’année pour soutenir l’économie."

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