Nicolas Bedos : "OSS 117 est passé du jeune connard au vieux con"

Le réalisateur Nicolas Bedos, lors de la présentation de son film "OSS 117 : Alerte rouge en Afrique noire", au festival de Cannes, en juillet.
Le réalisateur Nicolas Bedos, lors de la présentation de son film "OSS 117 : Alerte rouge en Afrique noire", au festival de Cannes, en juillet. ©AFP - Valéry Hache
Le réalisateur Nicolas Bedos, lors de la présentation de son film "OSS 117 : Alerte rouge en Afrique noire", au festival de Cannes, en juillet. ©AFP - Valéry Hache
Le réalisateur Nicolas Bedos, lors de la présentation de son film "OSS 117 : Alerte rouge en Afrique noire", au festival de Cannes, en juillet. ©AFP - Valéry Hache
Publicité

À l'occasion de la sortie en salles, le 4 août, du film "OSS 117 : Alerte rouge en Afrique noire", son réalisateur, Nicolas Bedos, est l'invité d'Hélène Roussel à 7h50.

Avec
  • Nicolas Bedos Dramaturge, réalisateur, scénariste, acteur, chroniqueur français

Après deux films qui ont rassemblé, à eux deux, plus de 4 millions de spectateurs, Nicolas Bedos récupère la franchise créée par Michel Hazanavicius. Ca met la pression ? "Pas qu'un peu !" répond le cinéaste césarisé pour "La Belle Epoque". "Mais la trouille, c'est aussi de l'excitation. J'ai énormément de coups à prendre là-dedans, Hazanavicius est un réalisateur brillant, c'est un fantôme très dangereux au-dessus de ma tête". Pourquoi s'être lancé ? Justement "pour la pression, l'envie de prendre des risques : un film, c'est deux ans d'une vie, s'il n'y a pas du danger, c'est comme dans une histoire d'amour, il faut que ça fasse mal, il faut que ça fasse du bien". 

C'est aussi la première fois que Nicolas Bedos réalise un film qu'il n'a pas écrit - c'est Jean-François Halin qui a écrit les dialogues. "C'est une décision collective sur tout, sur chaque réplique, sur chaque plan. C'est un terrain de jeu exotique, inédit et puissant", dit le réalisateur.

Publicité

"On est content qu'il n'existe plus"

A l'écran, OSS 117 est toujours aussi raciste, macho, réac. "Il est passé du jeune connard au vieux con, en dépit de tout le charme de mon camarade Dujardin, ça sent le gigot d'agneau, le parfum trop fort. C'est un type qu'on est très content de retrouver et dont on est très content qu'il n'existe plus", explique Nicolas Bedos. 

Comment écrire ce personnage 12 ans après "Rio ne répond plus", après Me-Too et dans une ère où les questions coloniales sont inflammables ? "Il y a eu des discussions, une prise en compte du monde tel qu'il est. Ce n'est pas une page blanche dans la transgression", répond Nicolas Bedos. "On réfléchit, on parle, il n'y a rien dans le film qui n'ait pas été pesé. Mais ça ne veut pas dire que derrière il y avait du Tipp-ex sur nos élans. On a gardé des choses, mais on en a parlé", dit le cinéaste qui reconnaît que c'est plus difficile de faire OSS aujourd'hui qu'il y a 12 ans. 

"Mais comme on est tous des gens bien dans nos baskets humoristiques, il n'y avait pas de raison de couper. Tout ça c'est du Molière, ce n'est ni plus ni moins que la prolongation de ce qui est nécessaire dans la comédie, la construction d'un guignol." 

"Hazanavicius a eu affaire à Hitchcock, aux James Bond de Sean Connery, moi mon cahier des charges c'était de m'emparer de Spielberg, de Zemeckis, avec tout de même quelques clins d'œil", explique Nicolas Bedos, qui propose un autre cinéma que celui de son prédécesseur, dans un film qui fait écho aux années 80 et plus aux années 50 et 60. 

Quant à Jean Dujardin, "il m'a un peu mis au chômage de la direction d'acteur, par le boulot énorme qu'il fournit : il le crée, il le sent, il le ressent de l'intérieur", reconnaît Nicolas Bedos. "Dès qu'il met le costume, c'est un autre. C'est très excitant de voir un vrai comédien, quelqu'un qui se transforme. C'est fou, quand on dit "action", de voir quelqu'un changer quasiment de couleur de peau, le fond de l'œil n'est plus le même". Face à lui, Pierre Niney, "l'acteur le plus doué de sa génération". 

"C'est à chaque fois dans la culture que se situent les sacrifices"

Avec l'obligation du pass sanitaire, dans quel état d'esprit est le réalisateur à la veille de la sortie ? "Triste. En même temps, je comprends très bien l'incitation à la vaccination, mais j'ai l'impression que c'est un peu toujours les mêmes qui servent de publicitaires à la campagne gouvernementale. C'est toujours à peu près au même endroit que ça se situe, ça pose des questions sur une idée qu'on se fait de la vie, de la hiérarchie des plaisirs et des nécessités". 

"On a envie de fermer sa gueule parce que ça dépasse le sort d'un film, des théâtres, des cafés. Mais on ne peut que noter que c'est à chaque fois de ce côté là que se situent les sacrifices, la culture, toujours, l'art de vivre, ce qui fait qu'on se rassemble".