Mattia Filice, conducteur de train et auteur de "Mécano" raconte la "richesse incroyable" de son métier

Mattia Filice, conducteur du train et auteur de "Mécano"
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Mattia Filice, conducteur du train et auteur de "Mécano" ©Radio France - Hélène Bamberger / P.O.L.
Mattia Filice, conducteur du train et auteur de "Mécano" ©Radio France - Hélène Bamberger / P.O.L.
Mattia Filice, conducteur du train et auteur de "Mécano" ©Radio France - Hélène Bamberger / P.O.L.
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Mattia Filice, conducteur de train depuis 2004, est l'invité du 7h50 pour son premier roman chez P.O.L, intitulé "Mécano". Un texte virtuose dans lequel l'auteur raconte sa vie et la complexité de son métier.

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  • Mattia Filice Conducteur de train et auteur

Il est conducteur de train de 18 ans mais aussi écrivant. Mattia Filice signe un premier roman, "Mecano", édité chez P.O.L. Un livre passionnant sur sa vie : 14.328 trains, 232.254 arrêts, 481.346 kilomètres. "Depuis le début je me suis dit qu'il fallait que j'écrive quelque chose dessus même si je m'en sentais incapable", raconte-t-il. Un texte en prose et en vers.

Son héros lui ressemble. Il est devenu conducteur de trains par hasard. Il était "projectionniste d'un cinéma sans spectateurs", comme lui. On lui propose un jour d'être conducteur de train et il y va. "J'ignorais tout du monde ferroviaire", se souvient-il. Il passe les épreuves pour apprendre ce métier. "Il y a une bascule entre l'angoisse, le stress et ce battement où on commence à maîtriser la machine et on commence à admirer le paysage. Petit à petit ce sont les visages sur le quai qui deviennent le paysage", raconte-t-il.

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"La fatigue est la rencontre la plus douloureuse"

Mattia Filice raconte aussi la solitude de ce métier, "cette usure de l'intérieur. Le corps enregistre tous ces réveils artificiels et on finira par payer la note, il n'oubliera pas", décrit l'écrivain. "On craint la Faucheuse mais je pense que la fatigue est la rencontre la plus douloureuse. On ne peut pas demander aux voyageurs de s'arrêter cinq minutes le temps de récupérer."

En miroir de la solitude, l'écrivain raconte aussi l'entraide entre les conducteurs de trains. Une diversité de profils, "une richesse incroyable", selon lui, "une écologie humaine". "Il y a une intelligence qui est sous-utilisée", assure Mattia Filice. "On rentre dans la théorie pratique", dit-il. Il parle aussi de la féminisation du métier.

Un texte au rythme du train

L'écrivain parle également du service public qu'il défend. Sur la réforme des retraites, il assure contester le texte. "Je serais partisan qu'on se répartisse le temps entre tous", dit-il. Il pose la question de la durée du temps de travail. Lui même a choisi un travail à 80% à la naissance de son enfant.

Le style suit le rythme du train avec ses accélérations, ses décélérations. Son regret est que son père ne lira pas ce livre. "Il est parti trop tôt", soupire-t-il. Il écrit : "Au royaume du hasard je suis le maître du temps, transporte des milliers de cœurs, des millions de battements. Je ne sonne pas le tocsin ni ne détiens de pouvoir divin, je conduis le train."