Vincent Lindon : "On va essayer de vivre les films du Festival de Cannes avec le cœur"

Dans quelques heures, Vincent Lindon sera tenu au silence, comme le veut la tradition pour tous les membres du jury. Il est président du Jury de ce 75e Festival : "Je suis très heureux, souvent on n'ose pas dire qu'on est content, qu'on est enchanté. Je vis quelque chose d'assez indescriptible qui est un mélange de peur, de ne pas être à la hauteur. Et en même temps, c'est une féérie, je sais déjà que ça n'arrivera qu'une fois, que c'est une chance incroyable : je vais essayer, pour la première fois de ma vie, de ne pas essayer, pendant le présent, de penser au futur, et dans le futur de ne pas regretter de ne pas penser au passé".

"Il va falloir que je laisse mon cerveau sur ma table de nuit à l'hôtel et que je me dise "tu es là, profite, parle doucement, vis, prends le temps de vivre ce moment-là".

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Féru d'info, va-t-il s'extraire de l'actualité le temps du Festival ? "Je vais décrocher à partir du moment où on va arriver dans la culture : on va essayer de suivre évidemment l'actualité, mais on va essayer de ne pas se laisser influencer par les avis de A, B, C, D, E, F", dit-il, appelant le jury à se faire confiance. "Il y a deux chemins pour regarder un film : soit ça passe par le cerveau et ensuite ça descend vers le cœur, soit on le vit d'abord dans le cœur et ensuite ça remonte au cerveau. On va essayer de faire ça sans demander l'avis de personne", dit-il.

"Aujourd'hui on sait tout en avance, et là, on va essayer de garder un secret pendant 14 jours, à 9 personnes. Il y a une chose que personne ne saura, sauf nous".

"Je suis entouré de gens très très talentueux", se réjouit Vincent Lindon. "Chaque personne qui est dans le jury est une personne avec qui j'aimerais travailler", dit-il, affirmant que "à partir du moment où l'on admire les gens et on est content d'être avec eux, 75% du travail est fait" et qu'il ne sera sûrement pas autoritaire dans sa position de président du jury.

Qu'est-ce qui fait un bon palmarès pour Vincent Lindon ? "Un grand palmarès, c'est essayer de trouver un film où on n'est plus pareil en sortant de la salle que quand on y est rentré, et qui touche en même temps les cinéphiles et le public", répond-il. "Les grandes œuvres, ce sont des films qui restent, qui ne se démodent pas", ajoute-t-il, citant "Parasite", palme d'Or il y a trois ans, comme modèle.