Grégory Allione : "Il faut plus de pompiers professionnels pour faire face aux enjeux climatiques"

Grégory Allione
Grégory Allione ©AFP - FNSPF
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Grégory Allione, président de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France, est l'invité de Carine Bécard à 7h50.

"L'entrainement fait partie de l'ADN des pompiers, partout dans le monde. En France, les pompiers sont devenus soldats de la vie : leur mission première, c'est le secours d'urgence de personnes, 80% des missions, c'est l'ambulance" explique le président de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France : "Les pompiers sont ceux qui peuvent répondre aux effets de la crise climatique et de la crise sanitaire : ce sont les soldats du territoire, de la résilience, les seuls à pouvoir répondre à tous ces enjeux". 

"Depuis les années 60, avec les gros feux de forêts, les inondations dans le sud de la France, ce sont des éléments que nous appréhendons. La seule différence, c'est le dérèglement climatique : des événements auxquels on ne s'attend pas, avec des intensités particulières sur des territoires pas concernés auparavant. Il y a un impact sur le matériel pour faire face à ces événements inattendus (des feux de forêts dans le nord de la France, par exemple) mais aussi sur la ressource humaine (80% des pompiers sont des pompiers volontaires)".

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Encourager le bénévolat, et sa reconnaissance au sein des entreprises

En France, il y a 250 000 pompiers, dont 16% de professionnels. Face au danger, le système français a-t-il besoin de plus de professionnalisation? "Oui, il faut faire face au quotidien à des situations plus importantes : il faut des sapeurs-pompiers professionnels pour faire face (il y en a aujourd'hui 40 000). Il faut que l'épine dorsale de notre sécurité civile soit plus armée. Il faut faire des efforts pour accompagner le volontariat" estime Grégory Allione, en rappelant qu'une loi va passer au Sénat en septembre, pour que le statut de pompier bénévole soit reconnu dans l'entreprise, pour qu'elle facilite la disponibilité des volontaires. 

Aujourd'hui quand on est pompier volontaire, il faut encore poser des congés pour aller secourir les personnes en difficulté, ou pour se former. 

Pour autant, les pompiers sont aussi confrontés à une recrudescence de violences, en augmentation de 250%. Pourquoi ce changement de regard ? "Les pompiers font face à des changements sociétaux. Il y a une crise de l'autorité, une défiance et les sapeurs sont l'incarnation de la mission régalienne de l'état en matière de secours : nous sommes cette éponge des maux de société, auxquels nous sommes confrontés, et pas toujours dans les quartiers les plus difficiles". 

"La meilleure des solutions, c'est la prévention, l'éducation des populations, former les plus jeunes aux gestes qui sauvent" poursuit-il. 

Pourtant, aujourd'hui, seuls 60% des pompiers sont vaccinés contre le Covid : "La fédération nationale demande un peu de compréhension. Ils sont pour la vaccination, mais la démarche d'obligation les contrarie. Il y a le même débat qu'avec l'hépatite B dans les années 90".