

Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, est l'invitée de Léa Salamé.
- Delphine Ernotte Présidente de France Télévisions
Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions est également Présidente de l'Union européenne de radio-télévision (UER) depuis janvier 2021. "Je suis inquiète et c'est ce que je veux dire aux auditeurs, il y a un vent mauvais qui souffle contre les audiovisuels publics en Europe."
"Les gouvernements autoritaires essaient de reprendre la main sur l'audiovisuel"
Aujourd'hui, elle reçoit tous les patrons de ces télévisions de l'UER pour une journée de réflexion à Paris. Elle déclare : "Reporter Sans frontières note qu'il n'y a jamais eu autant de journalistes emprisonnés. Le conseil de l'Europe a lancé un cri d 'alerte en rappelant que les violences physiques contre les journalistes, ont augmenté de 40% en un an"
On voit les gouvernements autoritaires qui essaient de reprendre la main sur l'audiovisuel public.
Cette journée de réflexion sert à se dire "comment les médias publics, qui sont des piliers de la démocratie, sont aussi des moyens de lutter contre cette dispersion de l'information", explique Delphine Ernotte, "comment sommes nous aussi une solution, pour la démocratie en Europe, la démocratie en France".
Quelle est son opinion sur les médias privés ? "Le pluralisme par définition est aussi un signe d'indépendance des médias. Je ne suis pas contre les médias privés, je dis juste que plus ils sont puissants, plus on a besoin d'un audiovisuel public fort."
Rassembler l'audiovisuel public européen
Plusieurs collaborations sur des projets créatifs ont été mises en place sur le marché de l'audiovisuel européen. "Ces premières collaborations sont des grands succès, ça nous permet de créer des séries de prestige qui rencontrent du succès partout en Europe. On va continuer dans cette logique, notamment sur les créations de fiction pour les jeunes adultes." Mais "on a aussi à mettre ensemble la technologie, notamment pour lutter contre la désinformation", complète la présidente de l'UER.
"L'Union de ces TV c'est aussi pour porter haut les valeurs du service public, pour défendre les journalistes et la démocratie partout en Europe."
Critique des médias de l'audiovisuel public
Eric Zemmour a durement critiqué les journalistes lors de ces vœux à la presse il y a quelques jours. Il souahite notamment privatiser l'audiovisuel public, ainsi "le service public ne crachera plus sur le contribuable tous les jours au petit-déjeuner, il ne giflera plus le réel tous les soirs à 20 heures".
Delphine Ernotte dénonce des propos "très durs, qui appellent à la haine".
"Je trouve très grave d'appeler à la haine contre les journalistes, car on sait tous qu'après les mots il y a les actes."
"Je trouve ça absurde aussi, poursuit-elle. Au fond, supprimer les journalistes pour plus d'information, c'est un peu comme si on supprimait les médecins pour lutter contre la pandémie. Venant d'un ancien journaliste sur le service public, sur France 2 pendant plus de cinq ans, "j'ai trouvé ça un peu cocasse".
"Je veille à ce que toutes les opinions soient représentées sur le service public."
Pas de censure sur le service public ?
Non, selon la présidente de France Télévisions. "On est les seuls aujourd'hui à vraiment exposer le débat politique. On voit que toutes les tendances s'expriment."
Le service public est la marque du pluralisme, du débat apaisé où tout le monde peut s'exprimer, où tout le monde est invité.
Faut-il modifier le financement de l'audiovisuel public ?
"L'essentiel est que le service public soit bien financé, et de manière indépendante pour préserver ce qui fait notre valeur principale, mais ce n'est pas mon rôle de déterminer par quels moyens on va financer le service public".
"Mais il faut changer notre regard sur l'investissement dans le service public".
"L'audiovisuel public est une industrie qui fait partie des industries culturelles et créatives. En Europe, c'est une industrie très positive, excédentaire. Un euro investi aujourd'hui dans l'audiovisuel public, c'est trois euros de PIB créé pour la France. Ce n'est pas un centre de coût, mais un centre d'investissement."
Pourquoi la plateforme Salto ne décolle pas correctement ? "C'est une plateforme jeune, qui progresse. Je maintiens que Salto a un avenir."
La Concentration des médias
"J'ai toujours mis à mon soutien affiché à la fusion TF1-M6, une condition : c'est d'avoir un service public fort", déclare Delphine Ernotte.
Son avenir à la tête de France Télévisions
Delphine Ernotte envisage-t-elle de prendre la tête du groupe Orange ? Elle dit se sentir très bien à la tête de France Télévisions et ne pas vouloir quitter l'entreprise avant la fin de son mandat, en 2025.
"Je suis heureuse d'être là, je suis bien dans mon rôle de présidente de France Télévisions et j'ai bien l'intention de continuer à l'exercer, jusqu'au bout."
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