

Julia Ducournau, réalisatrice et scénariste, est l'invitée de 7h50 pour son film Titane, sélectionné en compétition officielle au 74e Festival de Cannes.
- Julia Ducournau réalisatrice
Mardi soir, Julia Ducournau présentait à Cannes son très attendu second long-métrage, "Titane". Comment la réalisatrice saluée pour son premier film "Grave" aborde-t-elle cette compétition ? "Tout est toujours à recommencer à chaque film, je ne prends rien pour acquis", dit-elle, expliquant : "Quels que soient les retours sur les films, je ne les attribue qu'au film et pas à moi-même."
"Titane" plonge le spectateur dans un univers sombre et violent, et en même temps coloré. "Les premières images du film correspondent à un leurre : la violence de ces images correspond à celle des stéréotypes que l'on peut imposer aux femmes, au rapport presque égalitaire de traitement entre les voitures et les femmes", explique la cinéaste. "Cela représente une partie du regard social sur les femmes qui me révolte, et que j'essaie de remettre en scène pour que finalement mon personnage reprenne la maîtrise de cela."
"À chaque fois qu'on repart sur un film, douter c'est un euphémisme"
La radicalité de Julia Ducournau est liée à un but premier qui est celui de "faire sentir" : "Le rapport anxieux qu'on a au corps, c'est quelque chose qu'on partage tous. Là-dedans réside ma radicalité mais aussi l'universalité de mon propos. Cela me permet de faire d'abord sentir des choses corporellement aux spectateurs avant qu'ils aient le temps d'analyser cela."
L'héroïne du film, Alexia (Agathe Rousselle), danseuse, trouve refuge chez un pompier, Vincent (Vincent Lindon). "Parler de deux personnes qui ne sont pas faites pour s'aimer et qui finissent par être fous l'un de l'autre, c'est universel", explique Julia Ducournau, qui a fait appel à Vincent Lindon, physiquement transformé dans ce film. "On a une même énergie d'impatience vis-à-vis de la vie. Quand j'ai pensé à lui, il a beaucoup nourri le personnage, dans ses extrêmes aussi (...). J'avais envie de le montrer à travers mes yeux."
La réalisatrice a-t-elle douté de la voie, singulière en France, qu'elle a choisie ? "À chaque fois qu'on repart sur un film, douter c'est un euphémisme. On repart à zéro, on se demande si on peut recommencer, si je peux continuer à travailler mon écriture, à continuer à creuser ma patte sans m'essouffler, sans reproduire. Il faut sans cesse se renouveler, se transformer : la transformation est au cœur de mon travail, et je l'applique à moi-même quand je suis en train de faire."
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