Simone Rodan-Benzaquen - Dominique Reynié : "Les préjugés antisémites ont toujours la peau dure"

Simone Rodan-Benzaquen et Dominique Reynié
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Simone Rodan-Benzaquen et Dominique Reynié - Radio France
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Simone Rodan-Benzaquen, directrice AJC Europe (American Jewish Committee) et Dominique Reynié, directeur général de la Fondation pour l’innovation politique, sont les invités de 7h50, après la publication de la "radiographie sur l'antisémitisme" en France.

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Ce mercredi, la Fondation pour l'innovation politique et l'American Jewish Committee publient une enquête sur l'antisémitisme en France, la deuxième du genre. "Les résultats de cette enquête sont très préoccupants", selon Dominique Reynié, directeur général de la Fondation pour l'innovation politique. "Les préjugés sur les juifs trouvent encore auprès de la population dans son ensemble, et dans des segments particuliers, un écho très important. Et vis-à-vis des agressions, des insultes, les juifs en France n'ont pas le même régime d'existence que nous tous", ajoute-t-il.

Ce qui ressort de l'enquête, c'est la peur, notamment celle d'afficher sa religion dans l'espace public. "Je ne peux pas dire que cela nous a surpris, mais c'est effectivement très inquiétant. Ce phénomène devient presque une normalité : un certain nombre de Français de confession ou de culture juive ont intégré la peur et la menace, et adaptent, en fonction, leur comportement, et disent à leurs enfants de faire attention, les sortent parfois de l'école publique", explique Simone Rodan-Benzaquen, directrice de l'AJC en Europe.

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"L'école n'est plus un sanctuaire"

"C'est un point extrêmement préoccupant", souligne Dominique Reynié. "Cela signifie que des parents ont peur pour leurs enfants, et que dans les jeunes générations, une partie de la jeunesse est en relation avec l'antisémitisme, leur vie, c'est ça. Nous sommes, là, dans une espèce d'échec politique de ce qu'est l'école".

Paradoxalement, il y a 5% des Français qui affirment avoir une mauvaise image des juifs. "La France n'est pas un pays antisémite, mais il y a des poches d'antisémitisme", répond Simone Rodan-Benzaquen. "Il y a une différence entre la sympathique ou l'antipathie qu'on peut avoir envers une personne et la permanence des préjugés", ajoute-t-elle : et ces préjugés-là ont la peau dure. Il y a encore un Français sur trois qui pensent, par exemple, que les juifs sont plus riches que la moyenne.

Trois foyers de progression de l'antisémitisme

La crise sanitaire a-t-elle accentué l'antisémitisme ? "Nous avons posé la question à un groupe de personnes sur leur lien à la cause anti-vaccinale. On voit effectivement une légère hausse dans ce groupe-là. L'autre partie, c'est la présence des préjugés antisémites sur les réseaux sociaux", dit Simone Rodan-Benzaquen. "C'est une des composantes, avec le complotisme notamment, qui mettent en ébullition cette opposition qui se radicalise et, mélangeant des courants différents et s'intensifiant sur le web, favorise les passages à l'acte", précise Dominique Reynié.