Michel Barnier : "Je pense que la droite républicaine peut être intelligente"

Michel Barnier
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Michel Barnier ©AFP - Alain JOCARD / AFP
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Michel Barnier, ancien ministre et ex négociateur en chef du Brexit , est l'invité de 7h50.

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  • Michel Barnier plusieurs fois ministre, notamment des Affaires étrangères, ancien député, sénateur, ex-négociateur du Brexit, membre du conseil stratégique du parti LR

Que pense-t-il de l'annonce tonitruante de candidature de Valérie Pécresse, quelques jours après une réunion pour s'entendre sur un candidat unique de la droite ? "Jeu collectif, respect, fair-play : ce sont des mots et des valeurs importants. Elles valent pour le sport, la culture, et pour le débat politique. C’est dans cet esprit qu’on s’est retrouvés l’autre jour avec Valérie [Pécresse], Laurent [Wauquiez] et d’autres dirigeants pour créer ce jeu collectif."

"Chacun a son calendrier, c’est son choix, chacun doit choisir le moment", reconnaît Michel Barnier. "Moi je ferai ce que j’ai dit : je continuerai d’écouter les Français. C'est une question grave et la réponse est grave. Je veux rassembler, mettre ensemble des gens autour de la table, additionner des talents plutôt que de les soustraire. En ce moment, les Français ont d’autres préoccupations que la politique électorale ou politicienne."

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"L'esprit collectif est là", assure Michel Barnier

La droite s'est donné jusqu'au 25 septembre pour trouver un candidat unique, sous peine de passer par une primaire. "Une primaire, c’est toujours un risque de compétition, de dispute, de surenchère, de polémique, de blessure. Si on peut l’éviter, évitons-la. On peut toujours trouver le moyen entre maintenant et le mois d’octobre de se retrouver autour d’une table. En tout cas, l’esprit collectif est là et tout le monde est invité à participer. Nous aurons un candidat unique, et pas de candidat solitaire."

"Notre famille a ce paradoxe d’avoir beaucoup de talents, beaucoup de militants et d’élus locaux", explique l'ancien ministre de Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy. "Nous avons aussi un projet, qui correspond à ce qu’attendent les Français : deux Français sur trois soutiennent nos idées, notamment en matière d’économie, d’autorité de l’État, de maîtrise de l’immigration. Voilà les sujets auxquels je vais travailler. Et avec tous ces talents et toutes ces forces, il faut réussir à faire une force collective. Personne ne nous pardonnerait de ne pas le faire."

"J’ai appris une chose en m’occupant du Brexit pendant quatre ans et demi, c’est que pour l’unité il faut du temps et du respect."

À Xavier Bertrand qui compte aussi se lancer, avec ou sans les Républicains, il rappelle : "Tous ceux qui veulent le soutien de notre famille politique et de nos militants doivent jouer ce jeu collectif, et personne n’a intérêt à se mettre hors jeu."

"Cette droite républicaine a tous les atouts pour créer un projet d’alternance, remettre de l’autorité dans le pays, maîtriser l’immigration, recréer de l’influence française et faire repartir l’économie. C’est ça qui est important : donner un espoir à tous les jeunes Français. Je pense que la droite républicaine peut être intelligente."

"Boris Johnson fait de la flibusterie politique" sur le Brexit

"J’ai trouvé un accord sur le Brexit, en construisant cette unité", rappelle l'ancien négociateur européen. "Je sais qu’elle n’est pas tombée du ciel, elle ne doit rien au hasard, c’est beaucoup de travail, de temps et de respect. J’ai tiré des leçons de cette longue négociation et de la colère sociale au Royaume-Uni, qui a expliqué en partie le vote contre l’Europe. C’est une colère qu’il faut écouter, ce sentiment populaire d’être exclu, de ne pas avoir d’avenir, de ne pas avoir de service public, d’emploi industriel… Ce sont des sentiments qui existent aussi chez nous."

Il s'inquiète d'ailleurs de la volonté du Premier ministre britannique de renégocier l'accord sur la question de l'Irlande du Nord. "Je pense que M. Johnson et son équipe gouvernementale font de la flibusterie politique. Ce traité sur la paix en Irlande date du mois d’octobre 2019 : je l’ai négocié avec Boris Johnson et son équipe, mot à mot, pied à pied, phrase par phrase. Il sait de quoi il s’agit. Ça ne crée pas de frontière, ça oblige à des contrôles. Si on veut dramatiser, politiser, on peut raconter tout et n’importe quoi et faire repartir le conflit en Irlande du Nord, qui a provoqué 4.000 morts. Faites attention : ce qui est en cause dans cette attitude britannique, c’est surtout la paix en Irlande, qui est fragile. On ne va pas renégocier quelque chose qui a été négocié par les mêmes personnes il y a quelques mois à peine !"