Marlène Schiappa, Secrétaire d'État chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations est l'invité de Léa Salamé à 7h50
- Marlène Schiappa Secrétaire d'état chargée de l’Économie sociale et solidaire et de la vie associative
Les violences conjugales pendant le confinement ont-elles augmenté ? Selon Marlène Schiappa, on peut dresser un premier bilan, avant des chiffres plus complets en juillet : "Il y a eu 5 fois plus de signalements sur la plateforme arretonslesviolences.gouv.fr, 36% de plaintes en plus." [Son secrétariat d'État précise qu'il s'agit en fait de "36% de signalements et d'interventions des forces de l'ordre en plus, qui ne débouchent pas toutes sur une plainte", NDLR]
"Mais il y aurait eu moins de féminicides, je mets beaucoup de guillemets, avec pour l'instant en moyenne, 1 tous les 4,2 ou 4, 4 jours pendant le confinement, au lieu de 1 tous les 3 jours ou 2,5 jours. Toutes les portes ne se sont pas encore ouvertes et je suis prudente sur les situations dramatiques que l’on pourrait découvrir."
Pour elle, c'est dû notamment à une nouvelle méthode pour éviter ces violences : "On a voulu s’adresser au conjoint violent et le sortir de son domicile. En moyenne, il a fallu trois heures pour trouver un logement pour le conjoint violent [après une décision d'éviction prononcée par un magistrat, quand d'habitude c'était plus de 48 heures. Nous avons créé une ligne téléphonique à l'adresse des hommes qui se sentent avoir des accès de colère, de violence, et qui souhaitaient un accompagnement psychologique : là, ce sont 200 personnes qui ont téléphoné."
"Bien sûr que tous les hommes ne vont pas appeler, mais certains veulent être pris en charge"
Que répond-elle aux critiques qui estiment qu'on devrait s'adresser prioritairement aux victimes et pas aux auteurs ? "L'argent qu'on met là-dessus n'est pris nulle part ailleurs, il n'y a aucune association ou aucun dispositif qui a eu moins de financement. Il ne s’agit de mettre de l’argent sur les conjoints violents plutôt que sur les victimes mais éviter qu’ils deviennent violent. À 200 reprises, un homme a téléphoné à cette ligne, en disant “le confinement est un problème pour moi et je ne veux pas passer à l’acte", et des psychologues ont procuré un accompagnement qui a évité le passage à l’acte. Bien sûr que tous les hommes ne vont pas appeler, mais certains veulent être pris en charge."
"J’ai lu avec beaucoup d’attention l’enquête de la cellule investigation de Radio France" sur les points d'accueil en pharmacie, explique la secrétaire d'État. "Près de 500 personnes sont passées pour un signalement dans les supermarchés. On peut considérer que ce n’est pas beaucoup mais c’est ça de positif, et les signalements dans les pharmacies ont donné lieu à des gardes à vues, et à des protections de femmes. Le dispositif est nouveau, il a fallu un temps pour le faire connaître. Les pharmaciens sont supposés faire des signalements et pas de l’accompagnement."
"On sait que la question des transports est cruciale"
"La vraie crainte, c'est qu'il y ait davantage de féminicides, et qu'il y ait une décompensation. Nous avons travaillé à un plan de lutte contre le harcèlement de rue, que nous mettons en place à partir de lundi", explique Marlène Schiappa. "Notre volonté c’est de travailler avec les maires de France et le ministère des Transports. Nous souhaitons généraliser les arrêts de bus à la demande, soirée et la nuit. On sait que la question des transports est cruciale. Je réunirai dans les prochaines semaines les plateformes VTC, pour l'intégration d'un module de lutte contre les violences sexuelles et sexistes dans l'examen pour devenir chauffeur VTC." Elle précise aussi que "Uber va offrir mille trajets en partenariat le 3919 pour conduire les femmes victimes de violences conjugales au commissariat ou dans leur prochain logement."
Toujours sur la question des violences sexistes dans l'espace public, Marlène Schiappa annonce : "Nous allons développer un réseau de 'safe spaces', des lieux sûrs, avec le dispositif 'demandez Angela'. L'idée c'est que quand vous êtes en danger, vous vous réfugiez dans un endroit partenaire en demandant à voir Angela. C'est un code pour dire que vous êtes en danger."
Enfin, sur la question des inégalités femmes-hommes, elle craint un effet désastreux de cette période de confinement : "Historiquement, ça n'a pas le même sens de renvoyer les hommes à la maison, et les femmes à la maison. Ça a vraiment un impact. Dans 63 % des familles, c'est la femme qui a fait la totalité des repas pendant tout le confinement."
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