Sabine Weiss : "Je ne suis pas une artiste, je suis simplement un témoin de ce que je vois"

La photographe Sabine Weiss, à Vannes, le 16 juillet.
La photographe Sabine Weiss, à Vannes, le 16 juillet. ©AFP - Loïc Venance
La photographe Sabine Weiss, à Vannes, le 16 juillet. ©AFP - Loïc Venance
La photographe Sabine Weiss, à Vannes, le 16 juillet. ©AFP - Loïc Venance
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La photographe Sabine Weiss est l'invitée de Laetitia Gayet à 7h50, à l'occasion de l'exposition-rétrospective qui lui est consacrée à Vannes.

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L'exposition Sabine Weiss, une vie de photographe se tient au Kiosque de Vannes, jusqu'au 6 septembre. "Pour moi, une vie de photographe, c'est un siècle de vie, parce que je vais presque avoir un siècle (...). J'ai fait de tout : beaucoup de publicité, du reportage, de la mode, des enfants, des morts...", raconte-t-elle. Pour autant, elle ne se dit pas artiste : "Je ne crée rien ! Je suis simplement un témoin de ce que je vois". 

Tout au long de sa carrière, Sabine Weiss a vécu des changements techniques colossaux : "Il y a bien encore des photographes qui travaillent avec des chambres [photographiques, ndlr], mais très peu. A mon époque, on travaillait avec des petits appareils mais aussi avec des chambres très lourdes. Les films étaient très lents : c'était un travail bizarre d'imaginer le temps de pose. Parfois même d'aller déjeuner pendant que ça exposait". 

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Les clichés les plus connus de Sabine Weiss sont en noir et blanc, et parmi eux, beaucoup d'instantanés. "Le noir et blanc, d'abord, c'est plus facile à faire. Ca donne l'occasion de surprendre des scènes qui me touchaient plus. Des sujets qu'on voit, qui vous touchent, que vous ne mettez pas en scène. Les gens ne voient même pas qu'ils vous photographient, et s'ils le voient ils sourient. Si vous dites quelque chose, ils posent". 

Selon elle, aujourd'hui, c'est impossible, raconte-t-elle, relatant l'histoire du jour où elle a voulu prendre en photo une fillette dans un bistro : "Le père a vu que j'avais photographié sa fille. Ils me sont tombés dessus avec un copain, j'ai dû enlever la photo de mon appareil. Ils m'ont dit, heureusement que vous avez l'âge que vous avez, sinon on vous cassait la gueule".

La photographe affirme peu se souvenir des travaux qu'elle a réalisés en photo numérique. "Avant, on faisait des planches de contact, les choses restaient, on pouvait regarder ce qu'on avait. Tandis qu'avec le numérique, on perd les photos. Pas grand-chose ne reste. Les gens n'impriment pas les photos, les choses sont perdues". Alors, on ne sait plus faire de photographie ? 

C'est différent : on se photographie soi-même, on photographie des paysages. C'est devenu peut-être trop facile ? Je ne sais pas.

Aujourd'hui, Sabine Weiss se voit, à travers ses expositions, comme témoin d'une époque révolue, et "différente, pour ne pas dire très très différente".