Bernard Marconnet et Thierry Mandon : "L'État ne souffre pas d'un défaut d'autorité : il en a trop"

Bernard Marconnet, maire SE de Châtillon d'Azergues et Thierry Mandon, directeur de la Cité du Design de Saint-Etienne, ancien secrétaire d'État
Bernard Marconnet, maire SE de Châtillon d'Azergues et Thierry Mandon, directeur de la Cité du Design de Saint-Etienne, ancien secrétaire d'État  - DR et AFP
Bernard Marconnet, maire SE de Châtillon d'Azergues et Thierry Mandon, directeur de la Cité du Design de Saint-Etienne, ancien secrétaire d'État - DR et AFP
Bernard Marconnet, maire SE de Châtillon d'Azergues et Thierry Mandon, directeur de la Cité du Design de Saint-Etienne, ancien secrétaire d'État - DR et AFP
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Thierry Mandon, directeur de la Cité du Design de Saint-Etienne, ancien secrétaire d'État, et Bernard Marconnet, maire SE de Châtillon d'Azergues, sont les invités de Nicolas Demorand à 8h20 en direct de Saint-Etienne.

Avec
  • Bernard Marconnet maire
  • Thierry Mandon Ancien secrétaire d’Etat chargé de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche

Bernard Marconnet est maire (sans étiquette) de la ville de Châtillon d'Azergues, dans le Rhône, commune d'un peu plus de 2 100 habitants, dans laquelle il a organisé plusieurs réunions du grand débat : "Au départ quand le débat a été lancé, j’ai fait la proposition aux conseillers municipaux d’organiser le débat à l’échelle de la commune, ils ont répondu qu’oui. Mes conseillers m’ont dit que j’avais la légitimité et la compétence pour le faire (...) Je me cantonne à ce rôle, très strictement dans le débat. J’explique que je ne suis pas le représentant du gouvernement, et mon rôle consiste à faire circuler la parole, à surveiller le chronomètre, et jusqu’à présent les gens s’écoutent et échangent de façon positive", explique-t-il. 

L'élu affirme qu'il ne s'attendait pas à la mobilisation des "gilets jaunes" : "Le personnel politique en France n’avat pas vu venir cette forme de mobilisation un peu archaïque, au sens où on a fait des rapprochements avec la période de la Révolution française. Cette insurrection populaire rappelle un peu cela (...) : le peuple est souverain, et de temps en temps il se souvient qu'il est souverain et reprend sa souveraineté", même s'il explique que sa propre commune a été peu touchée par le mouvement. 

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L'ancien ministre Thierry Mandon, aujourd'hui directeur de la Cité internationale du design, livre son analyse : 

"Ce qui était une distance entre deux univers, celui de la décision à Paris et le reste du pays, est devenue une faille. Et aujourd’hui il y a une faille sociale, qui n’est plus silencieuse". 

Thierry Mandon et Bernard Marconnet dans les studios de France Bleu Saint Etienne Loire
Thierry Mandon et Bernard Marconnet dans les studios de France Bleu Saint Etienne Loire
© Radio France - Lucile Valeri

"C'est extraordinaire que les Français prennent la parole", se félicite-t-il, tout en nuançant : "Y a-t-il une adéquation entre le cœur des gilets jaunes et ceux qui participent au débat, je suis plus réservé". Il explique par ailleurs que selon lui, "bien sûr il y a un problème de débat, mais il y a un problème plus profond, un problème de terrain d’entente. Comment faire, quand on a une table, pour que les gens acceptent de s’asseoir et d’échanger, quitte à être minoritaires voire désavoués ?

Autre question posée par le débat : une question de distances. "Châtillon d'Azergues ce n’est pas la ruralité la plus profonde, mais il n’empêche que si on veut aller travailler, même avec le meilleure volonté du monde, on a besoin d’une voiture”, explique son maire Bernard Marconnet. "Aujourd’hui, l’architecture gothique, ultra-veritcale, de construction de l’Etat, interdit la production de réponses au plus près du terrain", déplore Thierry Mandon, qui ajoute : "La machine à produire de la décision publique doit être repensée en profondeur. Elle ne souffre pas d’un défaut d’autorité, elle en a trop. Il y a trop d’autorité verticale, et non légitime parce qu’elle est verticale".

"L’Etat n’est pas une cathédrale immuable où les 50 personnes les plus brillantes décident ce qui est bon pour le pays, et le reste suit au canon"

Il y a quelques décennies, quand on avait eu un débat sur un projet de constitution européenne, on avait ressorti un principe de subsidiarité, l’idée que plus on prend les décisions près de l’endroit où on les applique, mieux c’est”, explique Bernard Marconnet, qui donne l'exemple des fusions et transformations dans le découpage territorial : “Dans le Rhône, on a une assez forte pression pour fusionner des communes, créer des communes nouvelles. Cette pression politique, on la ressent très fortement. Pendant ce mandat, on a changé de communauté de communes, de département, de région et certains ont même changé de commune avec des fusions”. 

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