"Séparatisme", organisation de l’islam de France, politique de la ville, critiques sur le préfet Lallement, affaire Pavlenski... Le ministre de l'intérieur est l'invité du Grand Entretien de la matinale de France Inter avec Nicolas Demorand, Alexandra Bensaid et les auditeurs de France Inter.
- Christophe Castaner Ancien ministre de l'Intérieur, président du groupe LREM à l'assemblée nationale
Christophe Castaner est d’abord revenu sur le discours d’Emmanuel Macron mardi soir sur la question du "séparatisme". Un nouveau mot que son ministre de l’Intérieur justifie lui aussi, par opposition au "communautarisme" : "Le séparatisme, c’est vouloir ne plus respecter les lois et les règles de la République, au nom d’une influence étrangère ou d’une religion. Quand on parle de communautés, on peut stigmatiser : avec l’islam, le problème est là. En parlant de communautarisme, on vise la communauté musulmane, qui pourtant lutte contre l’islamisme."
Mais quelle réalité se cache derrière ce terme choisi par la majorité ? "Les maires sont nombreux à voir combien ils ont des quartiers qui se sont repliés sur eux-mêmes", sans toutefois souhaiter en citer tout particulièrement. "Ce sont des problèmes que nous connaissons. Depuis deux ans, nous avons travaillé sur 15 quartiers, ceux où le plus grand nombre de personnes sont parties pour le djihad. J’ai demandé aux préfets que la méthode appliquée dans ces 15 quartiers soit appliquée sur l’ensemble du territoire."
Parmi les causes de ce séparatisme, il y aurait les imams venus de l’étranger : "On a 300 imams qui chaque année viennent de pays étrangers, ne parlent pas forcément français, prêchent et vivent dans ces lieux de culte et animent la communauté." Il estime également "qu’on doit prêcher en Français quand on est en France. Il faut un culte musulman en France qui soit piloté par des Français."
Un discours électoral ?
Pourquoi cette mise en avant soudaine de la question du communautarisme ou du séparatisme ? Certains dénoncent une distraction en période électorale, ce que dénonce Christophe Castaner. "Si vous croyez une seconde que l’expression du président de la République hier a un impact sur les élections municipales, que ça va nous faire gagner les municipales, vous vous trompez."
Sur la politique de la ville, "le budget de l’ANRU a doublé"
Christophe Castaner répond aussi aux critiques de Jean-Louis Borloo, qui accuse le gouvernement d’avoir abandonné les quartiers. "L’ANRU a son budget qui a doublé", assure le ministre. "Ce que nous mettons au cœur de la politique de la ville, c’est la mixité. On a continué à voir des ghettos s’organiser. Ce qu’on nous demande, c’est de la mobilité. Je pense que JL Borloo, quand il dit que les budgets ont baissé, se trompe."
Pas d’étude commandée sur les vidéos de policiers
Le ministre de l’Intérieur était également interrogé sur un article de Mediapart évoquant une étude juridique commandée par ses services, sur demande des syndicats de policiers, pour réfléchir à un contrôle des vidéos filmant des policiers en service. Il assure avoir découvert l’information dans le média en ligne, et n’avoir jamais commandé une telle étude.
Il réaffirme également son soutien au préfet de Paris Didier Lallement, vivement critiqué à gauche, notamment par Jean-Luc Mélenchon et Anne Hidalgo. "Il n‘y a aucun problème Lallement", assure-t-il. "Ce n’est pas parce que Jean-Luc Mélenchon dénonce quelqu’un que ça devient un problème, sinon j‘en serais un aussi. La première fois que j’ai rencontré Anne Hidalgo, quand j’ai pris mes fonctions, elle était hostile à la police municipale, quelques mois après elle est venue me voir pour me dire qu’elle y était favorable. Je lui maintiens ma confiance."
Peut-être une fin d’asile politique pour Piotr Pavlenski ?
Christophe Castaner ne cache pas être favorable à une forme de "double peine" pour l’activiste russe à l’origine de l’affaire Benjamin Griveaux. "Il n’y a pas d’affaire Griveaux, il y a une affaire de quelqu’un qui a répandu sur les réseaux sociaux sa haine de l’autre", explique-t-il. "Je n’ai pas à me prononcer sur son cas, mais ce que j’attends de quelqu’un que l’on protège au nom de l’asile politique, c’est qu’il soit un citoyen exemplaire. Il a poignardé deux personnes, dont une au visage avec 12 points de suture, frappé une troisième personne et organisé sa fuite et sa disparition pendant un mois. Il y aura une poursuite judiciaire, on verra s’il est sanctionné pour cela, et nous pourrons remettre en cause son statut de réfugié à ce moment-là. Il fera sûrement appel et trouvera de très bons avocats : ils sont nombreux manifestement à être à ses côtés."
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