Le philosophe et professeur honoraire à l'université de Lausanne Dominique Bourg est l'invité de Nicolas Demorand à 8h20
- Dominique Bourg Philosophe
Quel monde pour après ? Dans un texte intitulé " Propositions pour un retour sur Terre", Dominique Bourg, Philippe Desbrosses, Gauthier Chapelle, Johann Chapoutot, Xavier Ricard-Lanata, Pablo Servigne et Sophie Swaton tentent de jeter les bases écologiques de l'après-coronavirus.
Invité de France Inter ce vendredi, Dominique Bourg analyse la réaction des autorités face au Covid-19. "L’OMS a prévenu le 31 décembre au soir d’une possible pandémie. Taïwan a tout de suite filtré la population qui venait de Wuhan, et leur taux de morts est bien en dessous des nôtres", remarque le philosophe. "Nous n’avons réagi que quand les morts étaient à nos portes. Il a fallu que l’on touche la mort du bout du doigt."
Pour afficher ce contenu Twitter, vous devez accepter les cookies Réseaux Sociaux.
Ces cookies permettent de partager ou réagir directement sur les réseaux sociaux auxquels vous êtes connectés ou d'intégrer du contenu initialement posté sur ces réseaux sociaux. Ils permettent aussi aux réseaux sociaux d'utiliser vos visites sur nos sites et applications à des fins de personnalisation et de ciblage publicitaire.
Dominique Bourg compare cette réaction tardive à celle face au climat. "Il faut qu’on ait le nez dedans pour qu’on réagisse. La différence entre le Covid et le climat, c’est que le climat on a décidé il y a 20 ans ce que l’on a maintenant."
Faut-il redémarrer l'économie, conformément au souhait du gouvernement ? Surtout pas, estime Dominique Bourg, qui rappelle que les experts du Giec nous demandent de diviser dans les dix ans les émissions mondiales. "Si on ne le fait pas, on va exploser la base des deux degrés. Si on repart comme avant, on va continuer à accumuler et accroître nos émissions, et se retrouver sur la trajectoire de +3,5 ou 4 degrés."
"Repartir comme avant, c'est une folie. C’est comme si, au sortir d'une maladie, la première chose que vous faisiez était de ré-épouser les causes qui vont ont rendu malade."
Il juge également que "l'épidémie nous montre que le politique peut jouer son rôle". "On nous a toujours dit qu’on n'arrêtait pas le progrès, qu’on ne pouvait rien faire face aux échanges internationaux. On a la preuve du contraire, parce qu’on touche la mort du doigt."
Redémarrer différemment ne sera pas une tâche facile. "Ce qui nous met sur la pente mortelle, ce sont nos modes de vie, nos niveaux de vie et nos consommations. Les 10% les plus riches sur Terre émettent 50% des émissions. La seule solution possible serait de contrôler sur un territoire les flux d’énergie et de matière. Et ça, ça s’appelle les quotas individuels."
Le philosophe rappelle que 75% des maladies infectieuses émergentes viennent de la perturbation des écosystèmes.
"Il y a de fortes chances pour que l’on ait à l’avenir une nouvelle attaque virale et ne pourra pas faire ce qu’on vient de faire là".
L'équipe
- Production
- Production