#GénérationDemain : "On fait peur, parce que nous, cette jeunesse, on renvoie des vérités"

Eva Sadoun, Joshua Wong, Camille Etienne
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Eva Sadoun, Joshua Wong, Camille Etienne ©AFP
Eva Sadoun, Joshua Wong, Camille Etienne ©AFP
Eva Sadoun, Joshua Wong, Camille Etienne ©AFP
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#Génération demain : journée spéciale sur France Inter (avec Konbini). Eva Sadoun, fondatrice de Lita.co , co-présidente du mouvement "impact de France", Camille Étienne, porte-parole de "On est prêt", activiste pour le climat, et Joshua Wong, militant pro-démocratie à Hong Kong, sont les invités du Grand entretien.

Avec
  • Joshua Wong Militant pro-démocratie à Hong kong
  • Eva Sadoun Présidente-fondatrice de Lita.co et de Rift, co-Présidente du Mouvement Impact France et de TechForGood France
  • Camille Étienne Activiste pour la justice sociale et climatique.

À l'occasion de la journée spéciale #GénérationDemain sur France Inter en partenariat avec Konbini, la première question posée aux invités du jour sera la même : qu'est-ce que c'est, aujourd'hui, d'avoir 22, 24 ou 30 ans ? "Avoir 22 ans aujourd'hui, c’est de grandir dans un monde où la possibilité même d’un avenir est incertaine, et pourtant de se battre encore et d’y croire", répond la militante Camille Étienne. "Je n’ai pas l’impression de me battre pour ma génération, j’ai l’impression de me battre pour une forme d’éthique, de responsabilité pour autrui… de me battre contre les stérotypes actuels de la start-up nation", ajoute l'entrepreneuse Eva Sadoun, 30 ans. 

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Pour Joshua Wong, militant hong-kongais, figure de proue du mouvement de contestation contre le pouvoir chinois, la réalité est celle d'un risque d'être arrêté, mis en prison à tout moment : "Notre voix a été étouffée, la liberté de parole et d'information, ça n’existe qu’en parole. Moi j’ai été arrêté 10 fois, envoyé en prison 3 fois… j’ai cette expérience. La prison, c’est le domaine de l’abus de pouvoir, la façon pour le gouvernement de s’attaquer aux leaders politiques pour en faire des prisonniers politiques". Mais selon lui, tout cela "accroît la solidarité mondiale et renforce la lutte". 

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Camille Étienne, qui reconnait "un profond respect entre tous ces activistes qui s’animent partout dans le monde", souligne que toutefois "près de chez nous il y a déjà des libertés qui ne sont pas respectées, il y a déjà des gens qui meurent de la pollution de l’air. Quand on parlait de génération, lui comme moi on ne se bat pas pour des générations futures, on ne se bat pas pour un idéal plus grand, on se bat simplement parce qu’aujourd’hui, si on fait l’effort d’ouvrir les yeux (...), on ne pourra pas continuer dans ce monde".

En 2050, on nous parle d’un monde où il y a 1M de réfugiés climatiques, où il fera 50° à Paris, où on ne pourra pas sortir dehors. 

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Pour Eva Sadoun, même si l'on parle souvent des "boomers", ce n'est pas la génération qui a fait le plus de mal, contrairement à celle des années 90, "ceux qui ont vu que la croissance n’était plus possible, et qui ont créé des mécanismes financiers volatils qui ont détruit encore plus de la valeur et ont créé une bulle idéologique financiarisée qui a tué toutes les idéologies du passé". Elle affirme que son ennemi "c'est l'idéologie libérale qui se présente comme n'étant pas une idéologie". 

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Cette mobilisation est-elle celle de jeunes CSP+, sur-diplômés, dont les parents sont eux-mêmes diplômés ? Camille Étienne, qui a fait Sciences Po, précise qu'aucun de ses parents n'a le bac, mais souligne l'idée de "privilège" :

Nous, on peut se permettre de louper l'école, parce que déjà on a accès à l'école. Avec ce privilège on a une responsabilité d'autant plus grande

"J’ai fait Sciences Po, et c’est d’ailleurs pour ça qu’on m’ouvre des portes de grands décideurs, de grands patrons de boîtes, il faut que je l’utilise. C’est une responsabilité démentielle", ajoute-t-elle. 

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Pour Eva Sadoun, la génération se sent déjà sacrifiée "depuis un moment" : "Aujourd’hui le milieu des grandes entreprises ou le milieu politique est monochrome, viriliste, réservé à une catégorie de la population. Ces jeunes avaient déjà peur avant la crise, mais la crise a cristallisé quelque chose, mais elle a aussi donné un nouvel élan. Quand on détruit une partie, on recrée".

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Elle explique ainsi que, bien qu'elle eût cru que ces milieux soient devenus moins monochromes, moins virilistes, mais qu'elle s'est rendue compte qu'il s'agissait en réalité de "jeunes boomers" : "L’idéologie de la start up nation ce n’est pas du tout un modèle d’émancipation, c’est un modèle d’hypercroissance et d’efficacité économique. Aujourd’hui je me bats contre cette génération, qui est monochrome, autoritaire, qui ne donne aucune place aux jeunes, aux femmes, aux minorités, dans sa prise de décisions."

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Camille Étienne, qui a été moquée devant une assemblée du Medef cet été, revient sur cette expérience : "Toute vérité passe par trois étapes : d’abord elle est ignorée, puis ridiculisée, et enfin acceptée comme une vérité. On est en train de passer ces phases. Comme quand on s’excite à la télé en montrant ce que les maires écolo ont fait sur le tour de France ou les sapins, alors que derrière de vraies mesures sont prises. Ce qui est en train de se passer c’est qu’on fait peur, parce que nous, cette jeunesse, on renvoie des vérités, on dit rien d’autre que “écoutez la science”, et la science fait peur. (...) Aujourd'hui c’est un peu suicidaire de prendre des mesures, ce que fait le gouvernement, sans savoir quel impact ça va avoir sur le futur des gens, sur leur santé", affirme-t-elle. 

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"Le problème de notre gouvernement, quand on entend les discours, c’est que la croyance qu’ils ont du libre marché est très problématique. On nous oblige depuis des années à avoir un culte du retour sur investissement, je ne comprends pas pourquoi on ne pourrait pas nous contraindre à l’écologie et à la question sociale", explique Eva Sadoun. "Le langage n’est pas performatif, il ne crée rien dans la réalité si on dit des grandes phrases vides. Ce dont on a besoin, c’est des chiffres, des actions concrètes, et vite, parce que l’urgence est là", ajoute Camille Étienne, pour qui Emmanuel Macron est "simplement un jeune boomer".

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Face à un jeune qui dirait vouloir gagner de l'argent, que diraient-elles : "Si un autre jeune me dit qu’il a envie de gagner de l’argent, je lui dis bien sûr, mais aide aussi les autres à gagner de l’argent", dit Eva Sadoun. Pour Camille Étienne, "je lui demanderais ce qui le rend réellement heureux, pourquoi il a envie de gagner cet argent, et de quoi il a envie être fier… de la 5G pour télécharger nos pornos en une seconde, de nos punchlines sur Twitter, ou d’avoir appartenu à ceux qui ont changé l’histoire ?"

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