Gérald Darmanin : face au terrorisme, "il ne faut être ni résigné ni outrancier"

Gérald Darmanin
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Gérald Darmanin ©AFP - Ludovic MARIN / POOL / AFP
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Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur, est l'invité du Grand entretien de France Inter. Il détaille certains points de la future (nouvelle) loi antiterroriste mise sur les rails après l'attentat de Rambouillet vendredi dernier.

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"Je voudrais redire que la police nationale et tout le pays est un deuil avec la mort ignoble de cette fonctionnaire de police", rappelle le ministre de l'Intérieur. "Le parquet antiterroriste est saisi, il appartient au procureur de la République de commenter plus que moi, mais je voudrais faire une remarque dans cette ténébreuse affaire. Elle est à la confluence des quatre problèmes qu’a la France depuis de nombreux mois, de nombreuses années : voilà un homme qui manifestement n’était pas détectable, n’était dans aucun réseau, ce n’était pas un attentat télécommandé de l’extérieur ; un homme qui était dans l’islam rigoriste, l’islam politique ; un homme issu de l’immigration ; un homme qui avait de graves troubles, puisqu’on a retrouvé des images pédopornographiques dans son téléphone et ses supports informatiques."

"Troubles psy, islam rigoriste et politique, immigration et sans réseau ni lien avec des États étrangers : c’est la menace endogène, parmi nous, avec des gens qui s’auto-radicalisent en quelques heures, quelques jours, quelques semaines."

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"Les neuf derniers attentats ont été commis par neuf personnes connues d’aucun service"

Pour autant, Gérald Darmanin estime que "dans cette affaire, il ne faut être ni résigné ni outrancier. Ce n’est pas la peine d’inquiéter outre mesure les Français, la situation est déjà assez grave. Les neuf derniers attentats que nous avons connus ont été commis par neuf personnes connues d’aucun service. Ils n’étaient pas fichés S ni soupçonnés de radicalisation. Ça doit nous interroger sur les techniques de renseignement que nous utilisons désormais pour les voir. Le terroriste rentré dans la basilique de Nice a passé trois semaines sur le continent européen avec un téléphone, sans jamais utiliser sa ligne téléphonique ni envoyer un SMS : il n’a utilisé que Facebook et Messenger."

Depuis 2017, "nous avons pérennisé dans la loi des mesures de l’état d’urgence qui étaient importantes", explique le ministre de l'Intérieur. "Nous avons expérimenté de nouvelles techniques dont l’algorithme, que chacun subit déjà toute la journée, par Google, Facebook, LeBonCoin… L’État français ne l’utilisait pas. Mais nous allons demander à quatre personnes, dont une autorité indépendante, pour savoir si l’État a le droit de le faire. Aujourd’hui, si une personne se connecte et regarde plusieurs fois des vidéos de décapitation sur Internet, nous ne le savons pas et nous ne pouvons pas le savoir. Avec la nouvelle loi, nous connaîtrons ces connexions, le fait que quelqu’un a fait des recherches, nous aurons un signalement anonyme. Puis le chef de la DGSI demandera l’autorisation au ministre de l’Intérieur, au Premier ministre et à la Commission nationale des services de renseignements pour savoir si l’on peut lever l’anonymisation. Nous appliquons à Internet ce que nous appliquons au téléphone."

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"Les terroristes ont changé leur façon de communiquer, ils passent totalement par Internet"

"Il y a eu aujourd’hui deux attentats déjoués grâce aux traces numériques, sur les 35 que nous avons déjoués depuis 2017", assure-t-il. "La difficulté que nous avions, c’est que nous n’utilisions pas les URL, c’est-à-dire les données de connexion qui permettent de voir les recherches faites et qui les a faites. Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que les terroristes ont changé leur façon de communiquer, ils passent totalement par Internet, par les messageries cryptées et les réseaux sociaux. Et nous continuons à être aveugles, puisque nous continuons à surveiller des lignes téléphoniques normales que plus personne n’utilise."

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"Nous discutons par ailleurs avec les grands majors d’Internet : on leur demande de nous laisser entrer via des failles de sécurité, certains l’acceptent d’autres pas. Il faut sans doute une loi pour contraindre des services étrangers : elle arrive."

"On attend le retour définitif du Conseil d’État, on appliquera ce qu’il nous demande, comme pour la Cnil", promet le ministre face aux inquiétudes sur les menaces sur la vie privée liées à ce texte. "Le débat parlementaire aussi renforce l’éthique, nous créons des moyens supplémentaires de contrôle, notamment de contrôle parlementaire. La délégation parlementaire au renseignement, où sont présentes l’opposition et la majorité, a eu connaissance de tous les éléments, au compte-rendu de l’expérimentation de l’algorithme, et nous aurons un débat parlementaire passionnant, parce qu’il s’agit à la fois de la protection des Français et de la protection des libertés publiques. C’est l’équilibre qu’il faut trouver dans un État. Mais regardons les choses en face : neuf attentats de suite commis par des gens qu’on ne pouvait pas détecter à technique constante."

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Y’a t’il des terroristes qu’on ne pourra de toute façon pas détecter ? "C’est peut-être le cas du terroriste de Rambouillet. Ce qui est certain, c’est que pour Samuel Paty ou l’attentat de Nice, il y aurait eu des techniques de renseignement qui auraient permis d’intervenir puisqu’on aurait pu comprendre qu’ils étaient dans une radicalisation très rapide", estime Gérald Darmanin.

Jusqu'à deux ans de suivi des anciens détenus pour terrorisme

"La loi s’adapte à la vie des gens", explique-t-il quand on lui demande s'il y a une "frénésie législative" sur la question. "Il y a une frénésie de la peur des Français face au risque islamiste par lequel la France est particulièrement touchée. Nous ne faisons pas rien : après la loi précédente, nous avons réussi à faire des mesures de suivi des sortants de prison très importants. Aujourd’hui, nous avons des sortants de prison qui ont terminé leur peine pour terrorisme, nous ne souhaitons pas les garder en prison mais continuer à les surveiller. Ce que je demande, avec le garde des Sceaux, au Parlement, c’est d’avoir des moyens pour les surveiller."

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"On avait jusqu’à présent jusqu’à un an pour les surveiller après leur sortie de prison, nous demandons désormais jusqu’à deux ans, toujours sous le contrôle du juge qui pourra casser la décision. Nous aurons aussi un suivi psychologique et social extrêmement important dans ce texte, validé par le Conseil d’État. Nous devons absolument continuer à surveiller ces personnes dont une grande partie restent dangereux."

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