Inceste : pour Christine Angot, quand un enfant devient victime, "il faut tenir, la question c'est survivre"

Christine Angot, auteure du livre "L'inceste" (Stock, 1999) est l'invitée de la matinale, deux semaines après la sortie du livre de Camille Kouchner, "La Familia Grande"
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Christine Angot, auteure du livre "L'inceste" (Stock, 1999) est l'invitée de la matinale, deux semaines après la sortie du livre de Camille Kouchner, "La Familia Grande" - capture d'écran
Christine Angot, auteure du livre "L'inceste" (Stock, 1999) est l'invitée de la matinale, deux semaines après la sortie du livre de Camille Kouchner, "La Familia Grande" - capture d'écran
Christine Angot, auteure du livre "L'inceste" (Stock, 1999) est l'invitée de la matinale, deux semaines après la sortie du livre de Camille Kouchner, "La Familia Grande" - capture d'écran
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Christine Angot, écrivaine, auteure de "L’inceste" (Stock) et "Une semaine de vacances" (Flammarion), est l'invitée du Grand entretien.

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Pour la première fois depuis la publication du livre de Camille Kouchner, "La familia grande", Christine Angot accepte de s'exprimer sur le problème de l'inceste. 

Alors que le débat est relancé sur l'imprescriptibilité des faits d'inceste, elle dit avoir besoin d'être éclairée pour se décider, mais en revanche, sur la question de l'âge elle affirme que "l'inceste n'a pas d'âge", et qu'on ne saurait donc imaginer "d'inceste consenti" lorsque l'enfant devient adulte.  "L'inceste n'a pas d'âge ; il faut ajouter qu'il n'y a pas de consentement pour les personnes [dont les unions sont ] interdites par les lois du mariage".

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Les choses sont-elles vraiment en train de changer, en faveur des victimes, devant le nombre de témoignages ? Pour Christine Angot, au-delà de la libération de la parole, tout cela ne changera pas tant que subsistera dans la société "la fascination du pouvoir". 

"On entend des gens qui disent à force d’en parler on en viendra à bout, j’y crois dès lors qu’il n’y aura plus de fascination du pouvoir, et donc ces abus de pouvoirs" explique Christine Angot. Et face à la vague de témoignages actuellement, elle note aussi l'apparition "d'une petite musique" qui l' inquiète : "la force de ce qui est en train de se lever est très importante, mais il ne faudrait pas aboutir à une levée du tabou de l’inceste, faire attention aux questions d’âge, et aux arguments qui invoquent la liberté individuelle". L'écrivaine poursuit : "on est dans un mouvement de condamnation et en même temps il y a une petite musique où on dit qu'il y a un âge où on se dirait pourquoi on ne vivrait pas avec son père. Donc là il faut qu'on soit très sérieux, parce qu'on est responsable de notre société quand même".

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Quand l'affaire Olivier Duhamel a été dévoilée par Camille Kouchner, cela a suscité beaucoup de commentaires dans les médias et les réseaux sociaux. Christine Angot dit "j_étais mal, en rage. J’ai retrouvé cette angoisse et cette nervosité, où je me dis “il faut trouver les mots”. Tout le monde sait quoi dire et comment dire, avec tout un tas de solutions, et tout d’un coup, vous êtes plongée dans le silence. Moi si j’avais été sur ces plateaux, je me suis dit que je ne pourrais même pas parler, je n'y arriverai pas. Toute chose qui est de l’ordre de ce mélange intime et social est super compliqué à exprimer". _

Elle reprend certains des commentaires qu'elle a entendus ou lus ici ou là, comme  “les victimes d’inceste ne veulent pas parler”, et elle questionne : "vous êtes surs ? N’y a t-il pas une distinction à faire entre ne veut pas parler et ne peut pas parler. Moi pendant trois ans, de 13 à 16 ans, par tous les moyens , j’ai voulu parlé. Avez-vous les mots pour dire ça ? À quel moment ? Comment il vient le sujet ?" 

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"Pour parler il faut quelqu’un qui comprenne au premier souffle, au premier moment où vous ouvrez la bouche pour parler,  sinon vous renvoyez la parole dans votre bouche". 

"Je rappelle qu'en cas d’inceste votre bouche est mise à mal" poursuit l'écrivaine, "au plan sexuel, et , aussi parce que vous n’avez pas confiance dans votre parole parce que vous n’avez pas réussi à convaincre le père que non, que non."

"Vous savez très bien que vous êtes en danger, à la seconde où le premier geste a lieu, vous comprenez ce qui se passe,  tiens ça m’arrive à moi, ça , j’aurais pas cru. Les enfants sont parmi les personnes les plus justes, qui savent très bien ce qui doit être et ne pas être". 

Donc, pour l'enfant le danger est clairement identifié, et il va jouer sa survie. "C’est quelque chose dont vous savez que votre vie est en danger et que ça va pas là ce qui se passe. Vous vous battez , vous contrôlez tout le temps votre main, vos gestes car vous êtes dans une surveillance permanente".

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Elle évoque ensuite la position de l'enfant dans le système familial et la société. "c’est toujours quelqu’un que vous aimez, le père, le baby sitter, qui s’autorise à abuser de son pouvoir, c’est une personne que vous aimez. Vous gardez l’espoir. Vous avez honte pour lui, vous n’avez pas honte de vous, vous avez honte pour lui. Vous gardez espoir de le convaincre d’arrêter". 

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Elle rappelle que la société glorifie le rôle du père, avec des titres comme "mon père ce héros", "la gloire de mon père", et lorsque l'inceste se produit, "ça introduit l’idée que vous devenez un enfant de seconde zone". L'enfant, explique Christine Angot, devient celui à qui on va "confier un service sexuel", "vous savez que ce n'est pas honorable, et les enfants sont attachés à leur honneur".

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