

Jonathan Franzen, écrivain et essayiste américain, auteur de "Et si on arrêtait de faire semblant ?", était l'invité ce vendredi de Nicolas Demorand et François Busnel. Il est revenu sur le climat actuel aux États-Unis, un "crépuscule", à moins de deux semaines de l'élection présidentielle.
Le climat actuel, il le considère comme un "crépuscule". Jonathan Franzen, écrivain et essayiste américain, auteur de "Et si on arrêtait de faire semblant ?" (éditions de l'Olivier) était ce vendredi l'invité de la série d'entretiens consacrés aux États-Unis avec Nicolas Demorand et François Busnel. Les essais de Jonathan Franzen couvrent près de 20 ans d’histoire de l’Amérique, entre 2001 et 2019 : il y parle de la crise climatique, des attentats de septembre 2001, des réseaux sociaux, de littérature.
Sur France Inter, Franzen est notamment revenu sur le personnage (au sens propre) de Donald Trump, qui est apparu plusieurs fois dans son oeuvre avant même d'être élu président. "Trump symbolisait un personnage agressif, idiot, un type avec un ego démesuré. Je me suis dit que c’était le côté sombre de l’Amérique", explique-t-il : "Il est malade mental, il a besoin de soins. Il va main dans la main avec un système qui a besoin de divertissement permanent, et un système qui est lui aussi mentalement malade."
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Pour Franzen, Trump symbolise le "rêve américain" : "Voilà un type qui est très riche, mais il réussi à canaliser le ressentiment de ceux qui sont désavantagés économiquement, analyse-t-il, autrement dit 'je peux avoir cette horrible maison, je peux construire des beaux hôtels, un parcours de golf, et être millionaire' : c’est enveloppé sous ce format divertissant."
"Puis il y a Joe Biden, qui n’est vraiment pas le candidat sexy, qui plaît à une petite majorité des Américains parce qu’il offre quelque chose de plus doux, de plus modéré, qui semble plus calme", estime Franzen.
Je ne pense pas à une guerre civile, mais des choses horribles pourraient se produire au cours des deux mois à venir"
Mais quelle que soit l'issue du scrutin présidentiel, dans moins de deux semaines, l'écrivain augure un futur bien sombre, avec une possibilité de "troubles sociaux". Deux cas de figure : s'il gagne, "Trump ne va pas remporter le vote populaire. S’il reste président, il y aura une quantité énorme de colère à gauche, parce que deux fois de suite il y aura quelqu’un que les Américains n’approuvent pas comme président." Et si Biden triomphe, "Trump et la machine médiatique derrière lui ont tellement endommagé la confiance des gens dans les institutions qu’il y aura une crise disant que l’élection a été volée, que les votes étaient frauduleux. Particulièrement pour les soutiens de Trump."
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"À la racine de tous nos problèmes", Franzen diagnostique principalement deux maux. D'abord, le consumérisme effréné : "il y a ce besoin obsessif d’acheter, acheter, et acheter encore. Dans ce système il n’y a pas de place pour l’amour. L’amour est menaçant car il n’a rien à faire avec l’achat, la monétisation, les clics."
Je me suis retiré du monde, je ne veux plus être un militant. Je me contente d’être romancier"
Une société "désespérément divisée", aussi, du point de vue de nos "structures technologiques, d'Internet, de la télévision", avec une forte responsabilité des réseaux sociaux, que Franzen fuit par ailleurs : "J’évite de lire cela. Je suis capable d’entendre des voix plus modérées, des voix plus humaines. Il y a une ou deux semaines, j’étais l’homme le plus haï du pays. Puis ils sont passés à autre chose."
"J'attends le pire des êtres humains, mais je pense qu'ils peuvent faire mieux"
Des discours qui font caisse de résonance mais qui sont en revanche minoritaires, souligne l'écrivain : "Si vous regardez qui contribue à ce sentiment, 95% des tweets sont tweetés par disons 10% de la population. Il y a une expression très vocale des discours sur les réseaux sociaux, mais ça ne représente pas la majorité des gens."
Je n’écris pas pour les extrémistes. J’écris pour les gens qui sont des êtres humains qui tentent de donner un sens au monde et à ce qu’ils doivent faire"
"J’attends le pire des êtres humains, mais je pense qu’ils peuvent faire mieux", juge également Franzen. "La grande image générale est plutôt grise, mais il y a de l’espoir. Je suis pessimiste au sens large du terme. Je pense qu’on peut encore vivre une vie qui a du sens. C’est la perspective de l’écrivain : on cherche un sens, c’est notre boulot."
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"Ce sentiment de malédiction qui pend au-dessus de nos têtes"
Et pour caractériser "la catastrophe climatique" qui vient, Franzen parle d'un "crépuscule", dans lequel on voit paradoxalement plus clair, "plus distinctement". Il explique : "À Shanghai ou dans n’importe quelle autre cité industrielle chinoise, le soir tombe à 14h en raison des fumées, mais il ne fait jamais complètement nuit.
C’est ce qu’il se produit aux Etats-Unis. Les choses deviennent de plus en plus sombres, c’est le prélude à quelque chose d’encore plus obscur. Dans cette semi lumière, nous voyons les choses beaucoup plus clairement. C’est un bon moment d’être écrivain, romancier : il y a ce sentiment de malédiction qui pend au-dessus de nos têtes."
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"Pendant longtemps, j’étais de plus en plus frustré du fait que nous ne faisions rien pour diminuer les émissions de carbone dans le peu de temps que nous avons, pour éviter un changement climatique désastreux", rapporte Franzen. "Il y a 5 ou 6 ans, il est devenu évident qu’il était trop tard pour éviter le désastre. Ça ne signifie pas la fin du monde, ça signifie que les choses deviennent très instables. Il y aura un choc climatique", prédit-il.
Au lieu de se sentir frustré par l’inaction, je suis frustré par la nature du débat. Il est temps d’accepter la réalité et de développer la résilience"
L'essayiste et romancier est aussi revenu sur le rôle qu'il estime revenir à celui qui écrit aujourd'hui, et les dangers que cela implique. "La responsabilité de l’écrivain est de dire la vérité. C’est une situation dangereuse parce que la politique n’est pas basée sur la réalité, la politique simplifie les choses, exige la foi en certains dogmes qui ne sont pas très exacts", décrit-il : "Les écrivains se mettent en péril dans certains pays, dans les sociétés plus réactionnaires ils sont jetés en prison. Il y a trop d’écrivains en prison en ce moment, tout simplement pour avoir 'péché' en disant la vérité."
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