Marine Le Pen : "Le pays est dirigé par un mouvement politique qui réunit 3 % des inscrits"

Marine Le Pen le 23 mars 2021 dans le studio du 7/9 de France Inter
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Marine Le Pen le 23 mars 2021 dans le studio du 7/9 de France Inter ©Radio France
Marine Le Pen le 23 mars 2021 dans le studio du 7/9 de France Inter ©Radio France
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Marine Le Pen, Présidente du Rassemblement National, est l'invitée du Grand entretien de France Inter.

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"Il n’y a jamais une seule raison qui justifie une abstention aussi massive", rappelle la présidente du RN. "Il y a une confluence de raisons, dont nous sommes la principale victime pour une raison structurelle : lorsqu‘il y a une abstention, il y a des catégories qui s’abstiennent plus que d’autres, essentiellement les jeunes et les classes populaires. Or il se trouve que l’électorat du Rassemblement national, ce sont les jeunes et les classes populaires."

C’est aussi, selon elle, “un enjeu éloigné de leurs préoccupations principales, le sentiment que la vie politique en réalité n’est plus claire, puisqu’on a vu des manœuvres électorales, un défaut total d’information sur la tenue même de ces élections, des erreurs logistiques majeures qui font que des millions d’électeurs n’ont pas reçu leurs professions de foi…”

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"C’est comme si le gouvernement organisait l’abstention plutôt que de souhaiter lutter contre elle."

"Les électeurs sont restés à la maison, c’est incontestable", regrette-t-elle. "C’est une très mauvaise nouvelle pour la démocratie, une mauvaise nouvelle pour le Rassemblement national. C’est atténué par le fait qu’il ne s’agit pas d’une désaffection politique : nos électeurs, on le voyait dans les sondages, disaient partager les idées du RN, mais ils ne sont pas allés exprimer ces idées. L’élection n’est pas terminée, je tiens quand même à le rappeler : il y a un second tour et le Rassemblement national est présent dans toutes les régions métropolitaines. Les électeurs avec qui nous avons eu ce rendez-vous manqué peuvent corriger cette situation en se mobilisant pour le second tour, et en allant voter."

"Les sondages ont eu un effet rassurant : les gens se sont dit que le Rassemblement national était en pleine dynamique, qu’on n’avait pas besoin de leurs voix. Et ils viennent de prendre conscience qu’en démocratie, bien sûr que nous avons besoin d’eux. Nous avons besoin que chacun aille défendre ses idées pour nous permettre de les défendre."

"Être élus avec 15 % des électeurs, ça leur va très bien !"

Elle conteste également l'idée d'avoir "engueulé" ses électeurs. "Je ne suis pas Emmanuel Macron, je ne considère pas les Français comme des enfants de 4 ans, je leur parle parce que ce sont des majeurs responsables, et je leur parle comme des électeurs responsables. Je leur dis : l’addition des comportements individuels entraîne la victoire ou la défaite de vos idées. Je ne vois pas en quoi je les ai tancés, je leur ai rappelé une réalité, et que les anciens partis se satisfont assez bien de l’abstention, parce que ça les maintient en place. Regardez les réjouissances de LR : être élus avec 15 % des électeurs, ça leur va très bien ! Ça ne leur pose aucun problème."

"Seule une participation massive peut me permettre d’être élue : je le sais, et ils doivent le savoir."

"Je n’ai rien abandonné des idées qui sont les miennes, rien. Je ne souhaite pas être un vote de colère, je souhaite être un vote d’adhésion, et je me réjouis de toutes les études qui indiquent que le vote RN est de plus en plus un vote d’adhésion, et pas seulement un vote éruptif."

"Je ne me réjouis pas de la colère des gens", explique Marine Le Pen. "Mais plus les Français vivent dans des conditions difficiles, plus ils pensent qu’en réalité la seule élection susceptible de changer ça, c’est la présidentielle. Je viens leur dire qu’ils se trompent. Car en réalité, chaque élection est essentielle. Mais l’élément majeur dans cette élection, c’est que le pays est dirigé par un mouvement politique qui réunit 3 % des inscrits. Ce mouvement a fait 11 % dans les urnes, moins de 3 % des inscrits, et ils sont au pouvoir. La pire élection pour un parti au pouvoir c’était en 2015, François Hollande avec 23 % : ils ne font même pas la moitié !"

"Les dates [de la présidentielle] ont été choisies pour détourner les Français de cette élection"

Elle conteste également les dates choisies (selon les informations de plusieurs médias) par le gouvernement pour avancer de 15 jours l’élection présidentielle, les 10 et 24 avril 2022. "La justification apportée par l’exécutif est invalide : ils disent que le dimanche du second tour tombait le 1er mai. Là, on met le 1er tour le jour où la région PACA et la région Hauts-de-France sont en vacances, et le 2d tour un jour où tout le monde sera en vacances. Vous croyez que c’est susceptible de mobiliser les électeurs, de positionner un second tour de l’élection présidentielle au moment où la France entière est en vacances ? Je pense qu’il faut changer ces dates, et qu’elles ont été choisies pour détourner les Français d’une élection essentielle."

"Les intentions de vote me placent systématiquement, depuis quatre ans, au second tour de l’élection présidentielle. J’en tire la conclusion que les Français considèrent que je suis celle capable de rassembler le plus largement pour pouvoir battre Emmanuel Macron."