

Le gouvernement d'Elisabeth Borne a finalement décidé hier de recourir à l'article 49.3 pour faire adopter la réforme des retraites. Olivier Véran, ministre du Renouveau Démocratique et porte-parole du gouvernement, est l'invité du 8h20 pour évoquer cette décision.
- Olivier Véran Ministre délégué chargé du renouveau démocratique, porte-parole du gouvernement
Jeudi, Elisabeth Borne a activé l'article 49.3 pour faire passer la réforme des retraites. Une réforme devenue si chère, concession après concession, que selon les derniers calculs, elle ne permettrait pas au système de revenir à l'équilibre. La réforme est-elle morte ? "Non", répond Olivier Véran, qui assure que l'équilibre du système à 2030 est assuré. "On fait cette réforme qui est difficile, qui n'est pas populaire, pour équilibrer le système des retraites. Il n'y a pas de majorité à l'Assemblée, il aurait dû y avoir une majorité", dit-il, saluant les députés de la majorité qui ont voté à la quasi-unanimité pour.
"Ensuite, il y avait un groupe partenaire, parce qu'ils l'ont porté dans la campagne présidentielle, parce que c'est dans leur idéologie de responsabilité", dit-il, désignant Les Républicains. "Une partie d'entre eux a été à la hauteur de leurs idées et de leurs électeurs. Et il y a une partie d'entre eux qui ont moins pensé à l'avenir du pays ou de leur parti qu'à ce que pourraient dire les électeurs de leur circonscription", et qui selon lui "se sont assis sur les engagements pris devant leurs propres électeurs".
"Nous voulions à tout prix éviter le 49.3"
Faute de majorité, pourquoi s'entêter ? "Pourquoi nous faisons cette réforme, c'est une façon plus ouverte de poser la question. Nous le faisons parce que notre système de retraite n'est pas équilibré. Si nous avions pris la décision de retirer notre réforme et de ne pas demander aux Français de travailler progressivement plus longtemps, nous aurions dû revenir vers eux avec une nouvelle réforme", explique-t-il.
"Si on a utilisé, avec une progressivité, l'ensemble des procédures à disposition face à une obstruction de l'opposition, c'est parce que nous voulions à tout prix éviter le 49.3", dit Olivier Véran. "Je ne considère pas que c'est banal un 49.3, mais je peux vous dire que l'Assemblée nationale n'est pas une assemblée banale", ajoute-t-il, affirmant que la Nupes d'un côté, le RN de l'autre, voteraient contre de toute façon, et qu'il reste peu de familles politiques avec lesquelles négocier. Or "chez les LR, la marge d'incertitude était trop importante", d'autant plus que selon lui, si le vote était passé à une voix près, la légitimité du texte aurait été tout autant contestée.
Le vote de la motion de censure "inclut la réforme des retraites"
Il assure par ailleurs que le vote de lundi, celui de la motion de censure, concerne aussi le texte de la réforme. "Ce n'est pas un vote pour ou contre la réforme, mais de fait, cela signifie que les parlementaires ont la possibilité, s'ils le souhaitent, de se prononcer contre le gouvernement, et dans ce cas cela inclut la réforme des retraites", dit-il. Par ailleurs, il rappelle que le texte passé par le 49.3 est celui qui émane de la commission mixte paritaire et non du gouvernement.
"La violence n'est jamais à prévoir, il faut l'anticiper mais on ne peut jamais se satisfaire de scènes de violence", dit Olivier Véran après les débordements de jeudi soir, qui salue pourtant les cortèges de la mobilisation depuis fin janvier. "Vous dites qu'on est restés sourds à la mobilisation, mais je vous dirais qu'on avait initialement la possibilité de faire une réforme par amendements à un projet de budget de la sécurité sociale en octobre, et que le Président a souhaité donner du temps à la concertation".
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