Professeur Philippe Amouyel, épidémiologiste, professeur de Santé Publique au CHU de Lille, directeur de la fondation Alzheimer, est l'invité du Grand entretien de la matinale
Il n'y a actuellement pas de reprise ni de nouvelle vague du Covid-19 en France "mais un arrêt de la décroissance qu'on connaissait depuis deux mois", indique le Professeur Philippe Amouyel, épidémiologiste, professeur de Santé Publique au CHU de Lille. Cela est dû à "un changement de comportement", selon l'épidémiologiste : "On voit de plus en plus de gens qui toussent, éternuent et ce n’est pas du Covid mais du rhume donc cela signifie que toutes les infections virales banales sont en train de revenir - les gastroentérites ou encore les bronchiolites aussi - ce qui montre que les mesures barrières sont en train de tomber."
Cette hausse des nouveaux cas ces dernières semaines ne menace pas l'hôpital, grâce à la vaccination. "On a pu avoir en France un taux de vaccination remarquable et cela protège ceux qui sont vaccinés et ceux qui ne le sont pas", rappelle le Professeur, qui souligne le chiffre de 86 % des personnes éligibles vaccinées : "C’est un vrai succès."
"On va continuer à convaincre mais peut-être qu’un jour il faudra, si l’épidémie est endémique, envisager quelque chose d'obligatoire."
Mais il rappelle également que 500.000 personnes à risques sont encore à convaincre de se faire vacciner, auxquelles s'ajoutent celles devant recevoir la troisième dose. "Il faut vacciner les plus fragiles", alerte Philippe Amouyel. "Si on regarde les classes d’âge pour lesquelles les contaminations remontent, il y a les moins de 12 ans mais aussi les 60-80 ans. C’est dans cette population qu’il y a eu les premières vaccinations et il est important de relancer l’immunité", dit-il, en appelant à se faire injecter la troisième dose, "outil important du bouclier" chez les plus de 65 ans. "On va continuer à convaincre mais peut être qu’un jour il faudra, si l’épidémie est endémique, envisager quelque chose d'obligatoire", poursuit-il.
Pour le moment, seulement 2 des 6 millions de personnes éligibles à cette troisième dose l'ont reçue. Le gouvernement envisage de conditionner la validité du pass sanitaire à l'injection de la troisième dose. "La communication autour de cette troisième dose est peut-être un peu brouillée donc il faut réexpliquer, faire un effort d’information et, si jamais on arrivait dans des situations difficiles, envisager des contraintes mais cela doit être une des dernières armes."
Concernant la vaccination des enfants de moins de 12 ans, "cela permettrait de gagner en termes de bouclier immunitaire", indique le Professeur, mais il faut attendre de connaître les résultats d'études à ce sujet avant de se pencher sur la question.
"Il faudrait éviter un pic de grippe et de Covid."
La vigilance quant à la reprise de l'épidémie est d'autant plus grande qu'elle risque de se coupler à la hausse des cas de grippe. "On n’a pas vu de grippe l’hiver dernier. Or, chaque année on s'immunise tous un peu contre la grippe si bien que le nouveau variant tombe sur une barrière immunitaire", explique le Professeur Philippe Amouyel. "Là, on ne sait pas complètement si les variants sélectionnés dans le vaccin grippal vont être efficaces donc il faut continuer cet hiver à se préparer à cela et en maintenant des mesures barrières."
"Il faudrait éviter un pic de grippe et de Covid" aussi parce que le système de santé est fragilisé, avec des soignants à bout de souffle, souligne celui qui est aussi professeur de Santé Publique au CHU de Lille. Il rappelle qu'avant même l'arrivée du Covid-19, il y avait une crise à l'hôpital concernant l'accueil et la qualité de vie, dès décembre 2019.
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