Leïla Slimani sur les César : "Une société est malade quand la justice n’est pas rendue"

Leila Slimani
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Leila Slimani  ©AFP - Lionel BONAVENTURE / AFP
Leila Slimani ©AFP - Lionel BONAVENTURE / AFP
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Leïla Slimani, qui vient de publier "Le pays des autres" aux éditions Gallimard, est l'invitée du Grand entretien de France Inter, avec Léa Salamé et Nicolas Demorand à 8h20. Elle évoque le Maroc, au cœur de son roman, mais aussi le scandale Polanski aux César.

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"J’avais envie d’ampleur, d’un défi sur le plan littéraire, aux odeurs du Maroc à mon enfance", explique la romancière pour expliquer le thème de sa dernière œuvre. "C’était important pour moi et surtout je trouvais que c’était très intéressant. Le Maroc est un territoire romanesque absolument passionnant, avec des personnages historiques hauts en couleurs, beaucoup de panache, beaucoup de complexité dans ce qui s’est passé au cours du XXe siècle."

Elle explique aussi ne pas aimer l’expression "très banale" de "personne d’origine maghrébine". "Y’a une forme de violence dans cette expression, comme si on était tous les mêmes, dans le même sac."

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Le métissage, "une damnation"

L’écrivaine estime qu’il y a deux façons de voir le métissage : "la vision candide, gentillette" et "la vision inquiète". Or pour elle, les deux se répondent car "elles portent un jugement de valeur, alors que le métissage ce n’est ni bien ni mal". "Le métissage est une damnation, parce que le métis est condamné à ne pas savoir qui il est, ce sont toujours les autres qui lui disent qui il est. Obama, c’est un métis, or il a toujours été décrit comme le premier président noir des États-Unis !"

Polanski aux César : "ça n’est plus comme avant, le silence c’est terminé"

Pour Leïla Slimani, ce sacre du réalisateur accusé de viol par plusieurs femmes justifie de "choisir son camp". "On est dans un moment t out à fait particulier, une sorte de révolution culturelle. Choisir son camp, là, c’est dire : ça n’est plus comme avant, ça ne va plus être possible, le silence c’est terminé."

Elle évoque la tribune publiée ce week-end par Virginie Despentes dans Libération : "On devrait aussi se réjouir ce matin, se dire : ça y est, ça commence. Il y a des choses qui ne sont plus possibles." Leïla Slimani, qui fait partie des spectateurs qui ont quitté la salle à l’annonce du prix du meilleur réalisateur remis à Roman Polanski, assure : "Il y a des raisons de se réjouir ce matin en se disant : on se lève et on n’accepte plus des choses acceptables il n’y a pas si longtemps."

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