Patrice Spinosi : "Nous sommes en train de dilapider notre capital de libertés"

Patrice Spinosi
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Patrice Spinosi ©AFP - LIONEL BONAVENTURE
Patrice Spinosi ©AFP - LIONEL BONAVENTURE
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Patrice Spinosi, avocat au Conseil d’État et à la Cour de cassation, spécialiste des libertés publiques, est l'invité du Grand Entretien de la Matinale de France Inter.

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Sur la question du maintien de l’ordre en France, Patrice Spinosi : "C’est une question sensible; Il ya une pression considérable sur les forces de l’ordre. On arrive pas à faire un maintien de l’ordre en France qui ne soit pas violent. Nous sommes dans les derniers pays d’europe a utiliser du LBD".

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"Les policiers sont sous pression depuis un temps très long. Ça ne justifie pas des actes isolés mais qui répondent à une lassitude totale" estime encore l'avocat  : "Il y a une tendance à l’abandon de règles trop strictes. Il y a des dérapages, isolés, mais qui rejaillissent sur les forces de police. Il faut sanctionner, tirer les conséquences et revoir la formation."

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Utilisation abusive des LBD

"À partir du moment ou on supprimera le LBD chez les forces de l’ordre, on limitera le risque de dérapage avec l’utilisation de cette arme. La formation n’est pas suffisante et l’arme, pas faite pour faire du maintien de l’ordre, est un problème. Ça n’est pas une arme adaptée" affirme Patrice Spinosi : "Nous sommes dépendants des images qui ont pu être filmées. Il y a une réaction politique mais tardive. Ce qui est en train d’arriver aujourd’hui, on pouvait le prévoir après la crise des gilets jaunes".

Il ajoute : "Oui, il y a un recul des libertés en France. Nous sommes en train de dilapider notre capital des libertés. Et il n’y a pas de retour en arrière à chaque fois que l’on rogne sur les libertés".

"Tout est sacrifié au profit d’une efficacité de répression"

Sur le rapatriement des djihadistes français

"Les libertés fondamentales doivent être une boussole" affirme le spécialiste des libertés publiques quant au rapatriement des djihadistes français pour les faire juger par la justice française.

"On ne peut pas toujours détourner le regard de ce qui est sale"

"On ne va pas sauver ces français. Mais on ne peut pas dire 'ces Français sont des djihadistes, c’est normal qu’il puissent mourir là-bas" estime encore l'avocat sur cette question d'autant que "si on ne le fait pas, ces djihadistes vont se retrouver dans la nature."

Sur l'utilisation d'armes de répression dans les récentes manifestations

Une auditrice de Bayonne, dont le fils a perdu sa main dans une manifestation à cause d'une grenade  GLI-F4, demande pourquoi ces armes sont encore utilisées, bien qu'interdites : 

"Il est inacceptable que [ces grenades] continuent à être utilisées jusqu’à rupture des stocks" dit Patrice Spinosi, qui affirme que "nous sommes en Europe le seul pays à avoir l’usage de ce type de grenade".

L'affaire Matzneff

Le PDG des éditions Gallimard, qui ont interrompu cette semaine la vente du "Journal" de Gabriel Matzneff, objet d'une enquête pour viol sur mineur, affirmait dimanche qu'elle "devenait de plus en plus problématique" en raison du "lien" de ses écrits avec des "faits réels concernant des personnes vivantes". Le récit de l'éditrice Vanessa Springora qui vient de sortir, raconte en effet comment elle a été séduite par Gabriel Matzneff à l'âge de 13 ans, la relation sous emprise qu'elle a eue ensuite avec lui et les blessures que cela a laissé dans sa vie. Sur ce dossier, il y a-t-il eu complaisance ou défaillance de la Justice? "Il y a  eu les deux", estime l'avocat au Conseil d’État.