Philippe Amouyel, Jean-François Timsit : "Sanitairement, bien entendu qu’il fallait reconfiner avant !"

Dans un centre de vaccination de Saint-Quentin-en-Yvelines, le 23 mars 2021
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Dans un centre de vaccination de Saint-Quentin-en-Yvelines, le 23 mars 2021 ©AFP - Alain JOCARD
Dans un centre de vaccination de Saint-Quentin-en-Yvelines, le 23 mars 2021 ©AFP - Alain JOCARD
Dans un centre de vaccination de Saint-Quentin-en-Yvelines, le 23 mars 2021 ©AFP - Alain JOCARD
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Philippe Amouyel, professeur de Santé Publique au CHU de Lille, et Jean-François Timsit, chef du service de réanimation médicale et infectieuse de l'hôpital Bichat, sont les invités du Grand entretien.

Avec
  • Philippe Amouyel directeur de la fondation Alzheimer, épidémiologiste, professeur de santé publique au CHU de Lille.
  • Jean-François Timsit Chef du service de réanimation médicale et infectieuse à l’hôpital Bichat à Paris

"Dans les HDF, on a commencé un peu plus tôt", rappelle Philippe Amouyel. "À Dunkerque, on avait atteint un taux d’incidence de 900 à 1000 ! Avec les mesures prises, ne serait-ce que les confinements le week-end, on s’aperçoit qu’on a réussi une diminution des contaminations. En revanche, la vague qui partait sur les réanimations, elle, continue, puisqu’elle a toujours une latence. Les réanimations se remplissent, et pendant deux à trois semaines encore on va devoir faire face à cette vague."

"Par rapport aux premier et deuxième confinements, on arrive tout doucement vers les niveaux de saturation du deuxième. Le premier, c’était un peu différent parce que la vague était violente, là on est sur des vagues progressives."

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"À Bichat, c’est plein comme un œuf", raconte de son côté Jean-François Timsit. "Il y a deux problèmes : non seulement les patients atteints de la Covid, mais aussi ceux qui ne l’ont pas et qui ont besoin de soins critiques. On se retrouve avec la coexistence de ces deux types de patients, gérés au quotidien dans un service complètement plein. On a ouvert des lits critiques supplémentaires, aujourd’hui il y a par exemple quatre lits dans un bloc libéré par la reprogrammation chirurgicale."

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"La vague, elle est déjà partie et il va falloir qu'on la gère"

"Les principes de déprogrammation existent depuis une quinzaine de jours, au moins sur le CHU de Lille, de l’ordre de 30 à 40 %", précise de son côté Philippe Amouyel. "Pas à la même vitesse qu’à Paris, où les taux d’incidence ont monté très brutalement. Mais il faut qu’on se prépare à ça."

"On va avoir deux  semaines dures, parce que cette vague, cette inertie, elle est déjà partie et il va falloir qu’on la gère. Il va falloir anticiper beaucoup plus, parce que c’est à partir de maintenant qu’on prévoit les hospitalisations et les réanimations sur les quatre ou cinq prochaines semaines."

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"Ça va être très compliqué, parce que quoi qu’on fasse, les contaminés d’aujourd’hui auront besoin d’hospitalisations et de réanimations dans dix jours en moyenne", regrette Jean-François Timsit. "Pour ceux-là, il faudra environ 15 jours pour ceux qui ne sont pas intubés et ventilés mécaniquement, et plus de trois semaines pour les autres. Donc de toute façon, le prochain mois va être infernal. On est dans le mur, on alerte depuis plusieurs semaines en disant “attention, il faudrait s’arrêter avant”, on savait bien que ça montait progressivement, et on nous répondait que ça ne montait pas si vite que ça. C’est un rapport coûts/bénéfices, il y a plein d’autres problèmes que le sanitaire, mais strictement sanitairement, bien entendu qu’il fallait reconfiner avant. On savait bien que ça n’allait pas marcher."

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"À Noël, les mesures étaient claires, simples"

Philippe Amouyel regrette de son côté le manque de clarté des nouvelles mesures de confinement : "Il y a une complexité dans cette organisation. Il faut se fixer un seul objectif : éviter la transmission, donc éviter de rencontrer des gens. Au travail, on croise de moins en moins les gens, dans les transports vous n’êtes pas là pour en rencontrer… En fait on rencontre surtout les gens le week-end. Dans la période où l’on est hors couvre-feu, contrairement à la période où l’on est au travail, on peut rencontrer des gens ! Et c’est ça qu’il faut réduire. Le meilleur exemple, c’est ce qui s’est passé à Noël et au Nouvel-An : les mesures étaient claires, simples, et elles ont permis de limiter l’évolution éventuelle d’un pic."

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"L’idée c’est de rendre les choses simples. Là, on a commencé à regarder les astérisques, à lire les anciens articles, pour essayer de comprendre ce que ça voulait dire. Ce qu’on cherchait, qui était de dire qu’on pouvait aller à l’extérieur mais qu’à l’intérieur il fallait réduire les interactions, ça n’apparaissait pas clairement dans le document !"

"Très clairement, les messages ne sont pas passés", approuve Jean-François Timsit. "Et la cacophonie du week-end a entraîné plus de défiance qu’autre chose. Or c’est le moment où il faut un maximum de solidarité de tout le monde ! Que les jeunes protègent les vieux et vice versa, c’est très compliqué quand on n’a pas un discours très clair et très simple."

"Mettre les gens dehors c’est une bonne idée, mais il faut aussi leur dire que quand ils prennent le pique-nique dehors, ils prennent autant de risques en restant à 20 cm les uns les autres que dedans."

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"Quand on est regroupés, il vaut mieux le faire à l’extérieur qu’à l’intérieur", tempère Philippe Amouyel. "En revanche, il faut repartir sur des bases simples, respecter les gestes barrières : porter le masque correctement, se laver les mains régulièrement, respecter une distance entre 1,5 et 2m, et aérer au maximum (donc idéalement être à l’extérieur). Avec ça, vous réduisez la circulation. Mais il faut le faire tout le temps."

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"La défiance peut se gérer par rapport à la responsabilisation : vous êtes défiant si quelqu’un vous impose quelque chose ; si c’est vous-mêmes qui vous l’imposez, vous aurez plus confiance. Les Français l’ont déjà fait, à Noël ! Il n’y a pas de raison qu’ils ne soient pas capables de recommencer dans cette période difficile."

"On part dans l'inconnu, avec un variant extrêmement contagieux"

Jean-François Timsit ne sait pas quelles seront les effets du "reconfinement" actuel. "Tout ce qu’on sait, c’est qu’un confinement dur réduit le taux de reproduction. Mais ce qu’on fait là, on ne sait pas du tout. On part un peu dans l’inconnu, avec un variant qui est extrêmement contagieux. Franchement, je ne suis pas optimiste."

"On ne peut vous dire ce qui va se passer que sur des éléments sur lesquels on a une expérience", précise Philippe Amouyel. "Là, c’est nouveau, c’est un concept, on ne peut pas prévoir. Ce qu’on sait, c’est qu’avec un confinement comme en mars dernier ou en novembre, au bout de deux à trois semaines on voit les courbes s’arrêter de croître, puis une diminution de 30 % par semaine. Ici, on ne sait pas s’il y aura cet effet déjà connu."

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En revanche, il ne croit pas par exemple à un effet positif de la fermeture des commerces : "Moi je suis pour l’ouverture des petits commerces : on l’a bien montré lors du deuxième confinement, où à la fin ils pouvaient ouvrir. L’ouverture de petits commerces avec des protocoles bien respectés ne va pas entraîner une explosion des cas."

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