Roberto Saviano sur les migrants : "100 000 personnes, ce n’est pas une invasion, c’est un don"

Roberto Saviano
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Roberto Saviano ©AFP - Valery Hache
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Roberto Saviano, journaliste et écrivain, est l'invité du grand entretien de Nicolas Demorand et Léa Salamé à 8h20.

Avec

Le journaliste italien qui vit sous protection policière publie son premier roman "Piranhas" aux éditions Gallimard. 

L'écrivain est engagé depuis des années sur la question des migrants. Il est devenu l'un des principaux opposants à Matteo Salvini et au populisme de manière générale. 

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"C’est un livre sur les enfants des rues. Ce sont des enfants féroces et géniaux. Pour la première fois de l’histoire de l’Occident, un groupe d’enfants a dirigé un des groupes les plus puissants du monde, ils veulent de l’argent, du pouvoir, et ils veulent mourir.

Dans leur imaginaire, ceux qui meurent vieux sont des faibles."

Les faibles et les forts, les baiseurs et les baisés

"Pour eux, il n’y a pas de troisième voie. Ils ne sont pas différents de notre époque. Ils le font à travers la drogue et l’argent, c’est un grand accélérateur économique."

Le passage de l’enquête journalistique au roman

"Avant je n’écrivais pas de fiction. Là c’est une fiction mais je suis entré dans le corps de ces enfants, raconter les émotions. Il fallait donc en passer par la littérature."

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Mafia et Djihadisme

"Ces enfants sont fascinés par les djihadistes mais ils sont catho. Ils adorent l’organisation "État islamique" car ils tuent tout le monde. 

Les djihadistes ont une différence c’est qu’ils mettent une idéologie. Mais ils ont aussi cette envie de tuer."

Menace de mort

"Je vis depuis 10 ans sous protection, ce n’est pas un privilège c’est un drame. Le ministre de l’Intérieur italien me menace : 'si tu continues à critiquer le gouvernement on t’enlève la protection.'

L’Italie se précipite vers une République autoritaire. La France et Allemagne regardent mon pays en se disant : 'c’est peut-être notre avenir'.

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J’observe mon pays et je ne le reconnais plus. Les migrants ont été pratiques pour distraire de tous les problèmes sociaux.

L’Italie de Berlusconi était encore dans une sorte de dynamique démocratique. On ne se félicitait pas de la mort des gens en mer, on ne réclamait pas l’arrestation de opposants.

Salvini attaque la France tous les jours, il faut un ennemi européen pour expliquer qu’on n’arrive pas à payer la dette, et là c’est la France."

Les migrants

"Salvini profite de l’attitude de la France vis à vis des migrants pour dire 'la France ne peut pas nous donner de leçon'». La France et l’Europe se comportent comme une forteresse.

Les Africains doivent avoir des visas pour travailler. Il y a beaucoup de désinformation : 100 000 personnes, ce n’est pas une invasion c’est un don. L’Italie se vide, on a besoin de ces gens."

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À propos de drogue, on parle en France de dealers maghrébins, mais qui donne cette drogue à ces gens ? Les Corses, les Marseillais. Il y a une mafia française mais il n’y a pas de mafia algérienne."

La mafia en France

"Il n’y a pas de crime d’association mafieuse en France dans le droit. Le thème est toujours décliné comme un problème de police. "Brise de mer", le cartel corse est très puissant. Toute la cocaïne est gérée par des Français et au Luxembourg."

Marseille a dépassé le nombre de mort de Naples

"Le rapport entre les mafieux et le politiques est complexe. La mafia passe par la machine bureaucratique parfois mais dans certaines régions, à Naples, cela se fait directement entre mafieux et dirigeants politiques."

La menace de mort

"Je suis complètement parano. On vit brisé, en petit morceaux. Ils se sont habitués au fait que je suis mort sans l’être. Ils ne m’ont pas tué mais ils ne m’ont pas laissé vivre. Le plus grand défi pour moi est de continuer à vivre."