Sibeth Ndiaye : "Il faut que la France se réconcilie avec son histoire"

Sibeth Ndiaye, porte-parole du gouvernement
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Sibeth Ndiaye, porte-parole du gouvernement ©Radio France
Sibeth Ndiaye, porte-parole du gouvernement ©Radio France
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Sibeth Ndiaye, Secrétaire d'État auprès du Premier ministre, porte-parole du Gouvernement, est l'invitée du Grand entretien de France Inter.

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  • Sibeth Ndiaye Secrétaire d'État auprès du Premier ministre, porte-parole du Gouvernement

"On retourne à une vie presque normale, parce que malheureusement le virus continue à circuler" explique Sibeth Ndiaye au lendemain de l'allocution présidentielle qui acélère le déconfinement. 

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Parmi les annonces, le retour à l'école, à temps complet, des élèves de la maternelle au collège, pour deux semaines avant les grandes vacances : "Chaque jour d'école est un jour important, le contact avec les enseignants est indispensable, enseignant c'est un métier (...) Nos enfants ont besoin de socialisation" explique la porte-parole du gouvernement qui y voit aussi l'occasion de préparer la rentrée prochaine : "Les conditions sanitaires seront adaptées et (...) Jean-Michel Blanquer aura l'occasion de [les] détailler", tandis que "les cantines vont pouvoir reprendre".

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Plan pour la jeunesse

À propos des jeunes, elle estime que "la génération de jeunes qui a vécu le Covid ne doit pas être une génération sacrifiée" et avance que le gouvernement travaille sur "un vaste plan pour la jeunesse."

Soutien de l'activité économique

Sur la reprise d'activité invoquée par Emmanuel Macron, et les aides dispensées aux Français pendant la crise sanitaire, elle estime que si la France "peut absorber le choc, c'est parce nous avons été des fourmis au début du quinquenat". 

À propos de l'assurance-chômage, "conçue dans un moment ou le marché de l'emploi était porteur", elle explique que "cette réforme sera sans doute amendée lors des discussions avec les partenaires sociaux", et met en garde : "Si elle n'est pas adoptée, les femmes continueront d'avoir des retraites plus petites que celles des hommes".

"Travailler davantage, c'est prendre conscience qu'il faut que nous ayons le maximum de personnes dans l'emploi" explique-t-elle en revenant sur les grandes lignes évoquées la veille par Emmanuel Macron lors de son allocution : "Le diptyque est important : il a dit 'en travaillant' et 'en produisant davantage'". 

Sur les aides au entreprises : "Aujourd'hui le code du travail permet de moduler la situation dans les entreprises en fonction de la conjoncture économique (...) Je préfère que ce lien avec le contrat de travail, les compétences, soient préservés et ne pas laisser les gens partir au chômage et mettre des années à retrouver un emploi."

Conditions des manifestations

"Il faudra que les organisateurs s'engagent pour que les gestes barrières soient respectés" estime la porte-parole du gouvernement, qui reconnait, qu'à propos du questionnement sur le respect de ces mesures de distanciation lors de la manifestation de samedi dernier contre les violences policières, place de la République à Paris : "Ce n'était pas mon sentiment [mais] quand on donne aux gens un cadre, ce sont des adultes (...) les précautions qu'on demande aux gens de prendre, ce sont pour la santé collective".

Société de la "discrimination"

À propos de la mise en garde d'Emmanuel Macron, lors de son allocution de la veille, contre les séparatistes : "L'antiracisme que [certains associations] portent n'est pas un universalisme". 

Le comité "Justice pour Adama", formé par la famille du jeune Adama Traoré, décédé après une arrestation policière est-il séparatiste? "Je ne saurais pas répondre" explique-t-elle, en précisant "on a pas en France des lois de ségrégation, mais on a une société qui produit de la discrimination et, oui, on a des policiers et des gendarmes racistes, comme on a des journalistes ou des enseignants racistes."

Pour elle, cette famille "peut être parfois manipulée, récupérée, mais il me semble légitime qu'ils demandent justice."

Mémoire douloureuse

"Au Sénégal, j'avais appris la lutte avec les héros contre les envahisseurs et arrivée en France, j'ai appris la décolonisation : deux histoires qui ne se rencontraient quasiment pas. Il faut que la France se réconcilie avec son histoire" estime Sibeth Ndiaye pour qui il ne faut pas déboulonner des statues de personnages au passé contesté : "Il faut expliquer l'histoire, la place qu'a eu Colbert dans l'histoire de France, père de la comptabilité et du code Noir, pas la cantonner à des musées : vous devez regarder l'histoire et vous devez être accompagné".

À propos de la polémique sur l'avenue Bugeauld, dans le XVIe arrondissement parisien : "Je crois qu'il faut, pour certaines personnalités, une discussion historiographique (...) Pour l'avenue Bugeaud (officier de la conquête de l'Algérie au XIXe siècle, ndlr), on pose la question" estime la porte-parole du gouvernement.

À propos des statistiques ethniques : "Elles permettraient de réconcilier deux rives de nos sociétés qui s'écharpent éternellement (...) Qu'on puisse partager un constat commun, pour mener des actions ensemble"

Que reste-t-il de la vision universaliste de la France : "Il faut toujours faire attention entre les droits formels et les droits réels. En France on dit qu'il n'y a pas de discrimination, mais la réalité, c'est que quand vous êtes black, vous avez plus de barricades autour de vous."

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